L’Arche de Noé : Monter un bateau
Cet été, que voir en dehors de Montréal? Jetons un œil sur L’Arche de Noé et le Festival de théâtre de rue, deux événements qui ont lieu à Shawinigan.
Être excité comme une puce, câlin comme un chat, vaniteux comme un paon: les expressions qui comparent l’être humain aux animaux ne manquent pas. Autant les artistes qu’une multitude de théoriciens se sont servis des animaux comme modèles de réflexion. Pensons en outre au devenir animal des philosophes Deleuze et Guattari.
Voilà pourquoi le sujet de L’Arche de Noé, montée par le Musée des beaux-arts d’Ottawa, est pertinent. Mais cette expo, qui fait suite à l’énorme succès de Corps transformé, montée l’été dernier au même endroit (et qui a attiré plus de 60 000 visiteurs), frôle malheureusement la recette (avec presque les mêmes artistes que l’an passé). Or, cette fois, plusieurs œuvres n’ont pas la charge symbolique nécessaire pour permettre une réflexion profonde sur la représentation de l’animalité. Les pièces de Joe Fafard sont exemplaires de ce manque de regard critique. Fafard réalise des sculptures de chevaux ou de vaches hyperréalistes… Voilà, pour la majorité de ses créations, leur seule qualité. Un peu mince. Je ne comprends pas l’engouement de bien des musées pour son travail. Belles, mais vides de sens de critique, sont aussi les œuvres d’Antoine-Louis Barye, Rembrandt Bugatti, François Pompon, Tom Friedman… S’il n’y avait eu que ces artistes, l’expo L’Arche de Noé aurait été vraiment trop bateau…
Heureusement, plusieurs œuvres sont d’un niveau supérieur. Francis Alÿs donne tout son sens à l’expression "être traité comme un chien". Alÿs montre, au ras du sol, des images de chiens errants et d’itinérants endormis que l’on peut voir dans les rues de nos sociétés capitalistes. De son côté, Douglas Gordon pose un regard sur l’exploitation des bêtes de cirque avec son installation vidéo Faire le mort. En temps réel, pendant que l’araignée-maman (déjà présente l’an dernier) de Louise Bourgeois fait bien ressentir ce qu’est une mère tentaculaire et paralysante. Et la collection de photos anciennes d’Ydessa Hendeles, où trône chaque fois un ourson en peluche, montre avec pertinence le rôle de cet objet dans l’inconscient collectif.
Une expo avec des pièces d’inégale intelligence.
Jusqu’au 3 octobre
FTRS
Le visiteur profitera de sa visite à Shawinigan pour aller voir, les 30 et 31 juillet ainsi que le 1er août, la 8e édition du Festival de théâtre de rue. Un volet arts visuels avec performances et installations y sera à l’honneur; près de 50 propositions artistiques avec la participation de Mario Duchesneau, Guillaume Girard, Mobile Home, Martin Renaud, Catherine Sylvain, Générik Vapeur… Information: www.theatrederue.com.