L’Arche de Noé et Festival de théâtre de rue : Le bateau ivre
Où aller dans les prochains jours? À Shawinigan, où est présentée la très belle exposition L’Arche de Noé, parrainée par le Musée des beaux-arts du Canada. La petite ville est aussi l’hôte d’un des événements les plus courus de juillet, le Festival de théâtre de rue de Shawinigan. La Mauricie dans tous ses états.
Ne serait-ce que pour voir La Chèvre de Picasso, ses étonnants détails anatomiques et le fol assemblage à l’origine de l’animal de bronze; ne serait-ce que pour constater à quel point les majestueux chevaux de Joe Fafard font de lui un des grands sculpteurs canadiens, l’exposition L’Arche de Noé vaut l’escapade. Comme figure inaugurale: une œuvre récente de Ron Mueck, Homme dans un bateau, troublante de profondeur psychologique. À sa suite: de l’art moderne et contemporain, 25 artistes et des dizaines d’animaux. Des bronzes de Flanagan, des bois peints de Stephan Balkenhol, 57 pingouins, 3 lions; les chameaux de Nancy Graves, un coq et un poisson de Brancusi. Comme dans la précédente exposition Le Corps transformé, présentée à l’été 2003, on retrouve Maman (1999), l’araignée géante de Louise Bourgeois, de même que des pièces de Picasso, de Degas, de Ron Mueck et de Kiki Smith; des artistes dont l’intérêt de la production convainc encore sans détour.
Les lieux qu’investit dorénavant le Musée des beaux-arts du Canada pour la saison estivale sont exceptionnels; les espaces industriels, remarquablement restaurés. Une nouvelle salle a été ajoutée cette année, occupée par l’installation bouleversante d’Ydessa Hendeles: 3000 photographies tirées d’albums de famille où défilent autant d’enfants et d’adultes photographiés avec leurs oursons en peluche, le tout disposé dans une grande bibliothèque. Le parcours se termine par une installation vidéo, avec l’étrange et fragile présence de l’éléphant filmé par Gordon Douglas. Enfin, il semble bien que le pari du directeur du musée, Pierre Théberge, soit une fois de plus gagné. L’histoire de l’arche de Noé, tirée de l’Ancien Testament, "une métaphore des événements apocalyptiques de notre monde et un appel à la paix", a inspiré une exposition très accessible qui permet, par la fréquentation des maîtres modernes, de découvrir de l’art contemporain de grande qualité. Puis, au sortir de cette rencontre avec "nos amis les animaux", il se passe quelque chose qui dépasse la stricte appréciation des œuvres d’art. On en ressort grandi. Et plus humain.
Festival de théâtre de rue
Entourée de forêts, de la rivière Saint-Maurice, d’une végétation généreuse, la ville de Shawinigan est un lieu à la fois champêtre et industriel. Outre les nouvelles activités de la Cité de l’énergie, la ville est, depuis 1997, l’hôte du Festival de théâtre de rue, qui accueille pour sa huitième édition pas moins de 200 artistes. L’événement gratuit se veut non élitiste. Durant trois jours, la rencontre poly-disciplinaire transforme les rues de la ville en une grande fête populaire contemporaine. Y participent plusieurs artistes en arts visuels, dont Cooke-Sasseville, Florent Cousineau, Martin Renaud, la photographe Lise Gagné, le performeur Christian Messier, le Béninois Dominique Zinkpè, les Fermières obsédées, Richard Martel et un groupe de la relève, de même que le duo Geneviève et Matthieu. À voir aussi, les interventions des sculpteurs Mario Duchesneau et Christopher Varady-Szabo. Cette nomenclature, si brève soit-elle, donne un avant-goût de ce qui s’y prépare… Pour plus d’info: www.theatrederue.com.
L’Arche de Noé
Jusqu’au 3 octobre
À la Cité de l’énergie de Shawinigan
États d’habiter. Festival de théâtre de rue
Jusqu’au 31 juillet
Dans les rues de Shawinigan