Daniel Dalpé : L'homme de verre
Arts visuels

Daniel Dalpé : L’homme de verre

Les artisans du vitrail ne courent pas les rues. Depuis 30 ans, DANIEL DALPÉ poursuit son travail sur la transparence et la couleur dans la plus grande discrétion. À la fois artisan chevronné et créateur désinvolte.

Personnage coloré de la scène artistique locale, homme excentrique, dandy à ses heures, Daniel Dalpé est surtout un artiste du vitrail dont la production, quoique pas très connue, suscite cependant la curiosité. "Les couleurs n’ont de comptes à rendre à personne, lance-t-il. En particulier les bleus!" C’est tout vu: Dalpé parle avec éloquence de son métier. Il s’adonne d’ailleurs avec une efficacité certaine à cet art dont la complexité technique fascine. Les crayons à croquis jonchent la table de son atelier; des dessins, des plans, des projets en chantier. Oiseaux, montagnes, compositions géométriques, son univers est fait de paysages "naïfs" aux traits "expressionnistes", comme il se plaît à le définir. Quelques pistes pour suivre son parcours depuis les dernières décennies? D’abord, les débuts: "Je me suis fait prendre au piège de la matière. Moi qui ne suis pas manuel…" Depuis, il a produit plusieurs vitraux, la plupart réalisés dans des lieux privés, d’autres pour des espaces publics, dont quelques-uns encore visibles aujourd’hui (notamment le plafonnier de la Maison Simons à Québec). Il a collaboré à des projets de vitraux pour une vingtaine d’églises et prépare actuellement son premier vitrail de création individuelle pour l’église de Betsiamites sur la Côte-Nord. Un projet très stimulant, on s’en doute, qu’il élabore dans le plus grand respect du sacré. Il nous confie qu’il prépare un vitrail symbolique qui "favorisera le recueillement…"

La production de vitraux de Daniel Dalpé ne révolutionne peut-être pas le genre, mais l’homme possède un savoir à la fois technique et historique remarquable. C’est en esthète et en connaisseur qu’il parle de ses vitraux préférés: "Ceux de l’église de Notre-Dame-du-Cap: c’est la totale!" Il nous convainc de l’importance de se rendre un de ces jours à Trois-Rivières pour voir la vie, les saints, les prophètes et les apôtres, pour découvrir ce fameux "panthéon de verre dans le plus pur style religieux". Il en a d’autres en tête, ceux-là à l’opposé de la tradition. Selon lui – et on ne le contredira pas -, les meilleurs vitraux québécois seraient ceux de Marcelle Ferron. On pense évidemment à celui du métro Champs-de-Mars à Montréal. D’ailleurs, sur le sujet, Dalpé pourrait épiloguer longuement… Surtout, c’est avec une égale attention pour la lumière et la couleur qu’il continue ainsi son petit bonhomme de chemin, alternant entre une production personnelle, où il explore à sa guise, et la livraison de commandes, engendrées dans la contrainte, dont peuvent parfois sortir les plus beaux morceaux…

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Bloc-notes

Picasso et Cocteau: Dernière chance
Alors qu’à Québec le Musée national des beaux-arts présente une superbe exposition des céramiques de Picasso, au Musée des beaux-arts de Montréal, c’est Jean Cocteau qui est à l’honneur avec une exposition venant du Centre Pompidou où on soulignait en 2003 le 40e anniversaire de la mort de cet artiste multidisciplinaire avant la lettre. Cocteau et Picasso se sont rencontrés en 1910 et seront de grands amis toutes leurs vies, comme en témoignent les dizaines de photographies présentées à Montréal. Il faut voir ces deux grandes expositions. Celle du poète français pour ses superbes dessins, pour les extraits de films et la foule de documents qu’on peut y voir. Il y a en tout 700 œuvres. Et puis, tout cela donne envie de lire (ou de relire) celui qui, dans Opium. Journal d’une désintoxication, écrivait une réflexion qui va comme un gant à l’œuvre céramique de Picasso: "La gloire anthume ne doit servir qu’à une seule chose: après notre mort, permettre à notre œuvre de débuter avec un nom." Les deux expositions se terminent le 29 août.

Toucher Dubois
C’est un bel été pour le sculpteur André Dubois. Alors que se déroule jusqu’au 12 septembre au Musée régional de Rimouski une exposition embrassant 10 ans de sa production, pendant ce temps, sur le Mont-Royal, Dubois participe à Artefact 2004, un des événements d’art in situ les plus pertinents de la métropole. Il y participe avec, notamment, Yannick Pouliot et le duo Doyon-Rivest, trois artistes de Québec. Sur la montagne, Dubois a fait une longue incision au sol, tapissant ensuite la cavité de pierres. Ces œuvres seront visibles jusqu’au 26 septembre, entre la Maison Smith et le grand chalet du belvédère. Débute également le 26 août, et ce jusqu’au 30 septembre, Risque d’oracle, une intervention de sculpteur dans la tour de pompier du Centre des arts contemporains de Montréal. Trois bonnes occasions d’apprécier le travail d’assemblages poétiques de Dubois.