Manon De Pauw
Notre corps est-il vraiment totalement à nous? Le milieu social ne lui impose-t-il pas ses règles? Il fut un temps où l’on contrariait les gauchers. Il fut une époque où les femmes (au Québec et ailleurs) se devaient de faire leur devoir conjugal jusqu’au 17e ou 18e enfant… Il y a aussi des contraintes plus banales qui font que l’on s’habille ou que l’on se tient d’une certaine manière pour certaines occasions.
Dans son travail vidéo, Manon De Pauw travaille sur cette intériorisation du milieu environnant, sur "les attitudes et postures que l’on prend dans certaines situations sociales". En 2001, étudiante à la maîtrise à l’UQÀM, avant qu’elle ne devienne à son tour professeure, elle réalisait une monobande intitulée Corps pédagogique où elle réfléchissait au langage corporel qu’impose une salle de classe. De Pauw nous montre ce que je me permettrais de qualifier comme étant la "chorégraphie du social", le jeu presque théâtral que notre rôle social nous impose. En 2003, à la galerie DARE-DARE, De Pauw présentait un vidéo où, en tant qu’artiste et ancienne coordonnatrice de ce centre, elle se montrait submergée par la paperasserie (comme celle des demandes de bourses qui décident du bien-être de l’artiste et de sa création…).
Cette fois, pour son expo à la Galerie Sylviane Poirier (fin octobre), De Pauw se dévoile dans un espace neutre. Elle ne s’y montre plus comme étudiante, professeure, artiste ou même coordonnatrice de galerie. Qu’y a-t-il au-delà des contraintes imposées par la profession? Dans Repli, elle va renouer avec une vieille philosophie, celle des anachorètes qui voyaient dans la retraite et certaines poses physiques une possibilité de retrouver la vérité en soi. Seule la gravité s’imposera à son corps. Un travail sur le poids du monde.