René Donais
Sa création joue sur la limite entre le réel et l’imaginaire. Depuis plusieurs années, il crée des œuvres dignes de Twilight Zone ou des X-Files. Mais ce qu’il y a d’extraordinaire dans le travail du graveur René Donais, c’est que l’étrange qu’il exhibe est souvent en deçà des aberrations produites dans le réel. Quelques exemples… Début 2004, à l’Atelier circulaire, il présente des images d’êtres hirsutes, au corps recouvert de poils. Une nuit, il avait rêvé à un tel personnage. Quelques jours plus tard, il trouvait un livre où était racontée la vie de Petrus Gonsalus, qui, au 17e siècle, était avec sa famille poilue l’une des pièces de la collection du Musée d’anthropologie de Ferdinand II. À partir de là, Donais établit une série de gravures sur le sujet. Ces jours-ci, à la Galerie Clark, il poursuit sa recherche avec sa série intitulée Examen anthropogynécobuccal de Barbara Ulserin. En se basant sur ce personnage réel du 17e siècle, qui depuis l’âge de 6 ans était recouvert de poils blonds (Barbara, nous disent les textes, était une vraie blonde), Donais a élaboré des images des auscultations médicales que la pauvre a certainement dû subir. Ce qui tient plus de l’examen d’une jument que de celui d’un être humain.
Mais ne croyez pas que Donais a trop d’imagination. L’une de ses séries, De la monstruosité, trouvait son inspiration dans les opérations les plus étranges que le corps médical faisait autrefois subir à ses patients. Une autre rendait hommage aux travaux d’Honoré Fragonard (le cousin du peintre) qui réalisait des écorchés d’animaux et d’êtres véritables déshydratés et injectés de cire: un cavalier sur son cheval, une rangée de fœtus humains dansants… La science dépasse souvent l’art de la fiction.