Mouvements focalisés : Arrêts sur image
Arts visuels

Mouvements focalisés : Arrêts sur image

L’expo Mouvements focalisés regroupe Lecavalier, Lock, Navas… Ils sont presque tous là, les chorégraphes incontournables de notre époque, captés par des photographes montréalais.

Frederic Loury, propriétaire de la Galerie [sas], a voulu créer une rencontre entre 10 photographes et 10 chorégraphes montréalais. Il faut dire qu’il y a eu une forte émulation entre la danse et les arts visuels tout au long de leur histoire. Le sujet méritait donc qu’on s’y attarde. Loury souhaite faire circuler son expo à travers le pays en y ajoutant à chaque arrêt un duo supplémentaire. Cela lui permettra de constituer un corpus documentaire important et, ainsi, de préparer une publication sur le sujet. Rares sont les livres qui traitent de la danse contemporaine d’ici et il est à souhaiter que cette publication voie le jour.

Voilà un projet qui, du point de vue esthétique, pose néanmoins problème. Pas facile de parler de danse en photographie. Pas facile de faire des photos sur la danse sans tomber dans l’illustration, où le sujet dominant, c’est la danse et pas la photo. À une époque où la vidéo documente très bien l’art de la danse et où les chorégraphes n’hésitent pas à devenir réalisateurs pour rendre compte de leur travail (pensons au film Amélia d’Édouard Lock), on pourrait même se demander si la photo n’est pas un moyen archaïque pour parler du mouvement dansé. Mais en fait, l’expérience pose un problème intéressant que l’on peut résumer ainsi: comment évoquer l’univers d’un chorégraphe dans une image sans tomber dans le cliché flou évoquant facilement le mouvement ou dans la pose sophistiquée en déséquilibre énonçant rapidement la maestria du danseur? Tous n’ont pas su éviter ces deux écueils.

L’expérience a produit trois types de photographie: des images documentaires, d’autres carrément sorties de l’univers de la mode et de la pub (je pense à celles de Jean-Claude Lussier et de Carl Lessard) et, plus rares, quelques œuvres trouvant leur source dans le domaine de l’art contemporain. Dans cette section, je placerais les images de Roger Proulx (réalisées avec la chorégraphe Catherine Tardif et le danseur Marc Boivin) ainsi que celle de Rolline Laporte (réalisées avec le chorégraphe Daniel Léveillé).

Proulx et Laporte sont certainement ceux qui ont pris le plus de liberté par rapport à leur sujet puisqu’il n’y pas de mouvements de danse dans leurs photos. Mais c’est eux aussi qui offrent les images les moins jolies et les plus efficaces quant à leur capacité à rendre compte d’un univers créateur simplement grâce à une ambiance photographique.

Jusqu’au 2 septembre

À la Galerie [sas]

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