Art&D : Peinture à numéros
L’événement Art&D, présenté à la Société des arts technologiques (SAT), propose une création numérique moins révolutionnaire que prévu.
Expo peu convaincante à la SAT. L’événement Art&D réunit pourtant un bel ensemble de créateurs-chercheurs en art numérique. Mais au risque de me répéter, il est important de dire que dans ce type d’art, l’émerveillement devant le gadget technologique l’emporte souvent sur le contenu intellectuel. Et cela s’avère, encore une fois. Certaines pièces me semblent peu à la hauteur de cette appellation de "culture mutante" que souhaite incarner l’événement. On n’a plus les révolutions qu’on avait! Par exemple, ces très séduisantes et très décoratives images de synthèse créées par Char Davies, qui finalement ne sont que de beaux fonds d’écran d’ordinateur pour personnes branchées. L’installation Beambeat, d’Axel Morgenthaler, me semble un dispositif amusant mais un peu mince quant à son propos. Des faisceaux lumineux, projetés sur un plancher phosphorescent, changent de parcours et de forme selon les mouvements du spectateur… C’est assez beau, mais il y manque quelque chose pour que cela ne soit pas seulement une jolie expérience inspirée du plancher disco réinterprété à la sauce rave.
Sur l’ensemble, deux pièces sauvent la mise. La Harpe à nuages de Nicolas Reeves, installée juste à côté de la SAT, sur la place de la Paix, est une belle réussite qui sait allier poésie et technologie. Créée en juillet 1997 à Amos, elle a aussi été exposée l’été dernier à Pittsburgh. Grâce à un laser et à un télescope, cette machine transforme la structure et la densité des nuages en musique. Le dispositif est décrit comme un immense lecteur CD à l’envers où le disque compact serait composé par le défilement des nuages! Un travail qui s’inspire du projet de l’astronome allemand Kepler qui voulait arriver à lire la rythmique de l’univers, trouver et décoder l’harmonie céleste pour créer une musique des sphères… La Harpe à nuages offre un résultat qui est plutôt une dissonance moderne qu’une harmonie classique, mais c’est une œuvre qui a des résonances symboliques importantes.
Luc Courchesne, que le hasard a placé avec sa caméra vidéo au pied du World Trade Center le matin du 11 septembre 2001, nous offre une installation qui parle de la notion d’événement. D’une part, il nous montre la vidéo qu’il a tournée à New York ce matin-là et d’autre part, un panorama vidéo montrant la même place mais cette fois en 2002. L’écart entre l’effroi exhibé par l’un et le calme présenté par l’autre montre comment ce qui survient a toujours un aspect irréel. Une belle démonstration.
Une série d’entretiens avec des artistes sont prévus par la SAT: Le 16 septembre, à 18 h, Martine Koutnouyan et Joseph Lefèvre traiteront de leur œuvre Au bord du fleuve. Le samedi 18 septembre, à 16 h, ce sera au tour de Camille Utterback de discuter de son travail.
Il faudra aussi surveiller la performance radio Freedom Highway, d’Emmanuel Madan, qui sera diffusée les 18 et 25 septembre à 18 h sur les ondes de CIBL (101,5 mf). Madan utilisera des enregistrements de lignes ouvertes dans les États-Unis de l’après-11 septembre.
Jusqu’au 2 octobre
À la SAT
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