Rencontre internationale d'art performance de Québec : De la roulette russe
Arts visuels

Rencontre internationale d’art performance de Québec : De la roulette russe

La Rencontre internationale d’art performance de Québec se poursuit de jeudi à dimanche pour le dernier volet du festival. L’art en temps réel.

La Rencontre, c’est 42 artistes de l’art-action à l’œuvre depuis le 9 septembre. Chaque prestation comporte une bonne dose d’imprévu autant pour le public que pour les artistes. Depuis le début, on a eu droit à quelques exploits typiques: de petites automutilations, une manipulation de viande crue, quelques pas de danse, des efforts physiques et autres examens des limites du corps. Le plus souvent sur un ton sérieux, presque solennel. Parfois politique. Souvent provocant. La plupart du temps d’une invention formelle certaine. L’essentiel, c’est que tous ces fragments d’histoires décousues laissent rarement indifférent. D’où vient cette pratique? Tout droit des années 60. Jacques Donguy écrit dans La Performance comme catégorie artistique: "Le concept de performance semble venir de la scène musicale, à la fois par le biais de la culture rock, et aussi à travers cette idée de John Cage: "Tout est musique." "Events" de George Brecht, concerts Fluxus à Wiesbaden et à Paris en 1962, à Düsseldorf en 1963, mais aussi l’idée de "performance" dans le fait "d’être là": "Am I really here or is it only art?" (Laurie Anderson), ou Filliou: "Il n’y a plus de centre dans l’art. L’art, c’est là où tu vis."" On apprécie toujours ce moment précis de co-présence des artistes et du public.

Les tentatives de définition se succédant, pourquoi ne pas en proposer une autre? Pour Richard Martel, un des organisateurs de la biennale, spécialiste de la question et praticien de surcroît, "la performance est l’actualisation devant un public potentiel d’un contenu d’expressivité; c’est à la fois une attitude visant la libéralisation des habitudes, des normes, des conditionnements et en même temps une déstabilisation visant une reformulation des codes de la représentation, du savoir, de la conscience". C’est donc avec l’esprit ouvert qu’on aborde ces brèves prestations qui gardent le public captif pendant quelques dizaines de minutes chaque fois. Le dernier volet a lieu ce week-end. Les quatre jours de performances se dérouleront devant un public averti et respectueux, rarement impatient. Les prochains jours verront défiler 12 artistes de 7 pays différents, avec une participation des pays de l’Europe de l’Est, de l’ex-Allemagne de l’Est, de Biélorussie, de Pologne, mais aussi d’Indonésie, du Canada et des États-Unis. Il faut, bien entendu, s’attendre à tout. Ou presque. Comme l’écrit encore Martel: "Il y a autant de sortes de performances qu’il y a de performeurs."

Jusqu’au 26 septembre
Chez Rouje dès 20 h
Voir calendrier Arts visuels

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VINCENT ET MOI JUSQU’AU 26 SEPTEMBRE

Ça fait quand même un peu peur de franchir les murs du Centre hospitalier Robert-Giffard. Mais c’est aussi pour cela qu’a lieu cette exposition des tableaux et des dessins réalisés par des personnes qui reçoivent les soins du centre. Vincent et moi est un programme d’accompagnement artistique et de prêt d’œuvres d’art qui participe à la reconnaissance de la créativité de ces artistes en développant des liens avec le personnel du centre et le public. Les œuvres ne sont pas utilisées pour analyser les patients, mais pour le pur plaisir de leur appréciation. Et ça semble fonctionner. Une cinquantaine de pièces présentées dans l’ancienne chapelle de l’hôpital permettent de nous ouvrir les portes de l’immense établissement de pierres grises, dont l’histoire fascine.

Et justement, si le temps manque pour aller voir l’exposition qui se termine bientôt, sachez qu’en octobre la Galerie historique Lucienne-Maheux, un musée sur l’histoire de la psychiatrie et du Centre, ouvre ses portes à nouveau. Camisole de force, meubles et autres objets racontent l’"évolution" des traitements. Remontant au-delà de la fondation du premier centre de psychiatrie du Québec, ouvert le 15 septembre 1845, on apprend notamment que c’est dans l’ancien manoir du Sieur Robert Giffard, pionnier et premier médecin de la Nouvelle-France, que le docteur James Douglas a fondé l’Asile (qu’on appelle aujourd’hui un hôpital). Des statistiques? En 1950 y logeaient 5000 patients. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 700 ou 800 résidents, des milliers de bénéficiaires vivant à l’extérieur… Bref, c’est instructif et dépaysant.

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MARIE-CLAUDE BOUTHILLIER À LA CHAMBRE BLANCHE

Il faut absolument se rendre à la Chambre blanche d’ici le 10 octobre pour y rencontrer la peintre Marie-Claude Bouthillier en résidence depuis trois semaines. Elle a fait de la galerie son atelier où s’accumulent papiers, dessins, pigments et quelques grandes toiles. Elle y peint avec une constance très productive et poursuit ses lectures, qu’elle partage avec les visiteurs. Incontournable.