Hommage à Madeleine Lacerte : On ne naît pas galeriste, on le devient
L’hommage à Madeleine Lacerte rassemble quelques dizaines d’artistes qui ont exposé depuis 30 ans à sa galerie d’art, située aujourd’hui rue Dinan. Derrière chaque œuvre, une anecdote; derrière chaque artiste, des retrouvailles.
On ne peut que reconnaître l’apport essentiel de la Galerie Madeleine Lacerte au paysage de l’art contemporain à Québec. Cette galerie a été une des premières à présenter des artistes dont les œuvres ont été souvent liées aux mouvements d’avant-garde. Qu’on pense seulement aux Pierre Gauvreau, Rita Letendre, Serge Lemoyne ou Marcelle Ferron. Depuis 1974, Madeleine Lacerte diffuse des œuvres d’art et en fait la promotion. Depuis plus récemment, elle soutient la production de jeunes artistes, l’excellent travail de Martin Bureau, celui de l’intrépide François Chevalier, de la talentueuse Elmyna Bouchard. Elle a exposé de très bons peintres: Marc Séguin, Rafaël Sottolichio, et la sculpteure Édith Croft. Tous ne font malheureusement pas partie de l’exposition, qui rend hommage à cette pionnière des galeries d’art à Québec, mais la sélection donne une excellente idée des goûts, des audaces de la galeriste et de la qualité des artistes qui ont un jour ou l’autre fréquenté les lieux. On y retrouve notamment la peinture de Sean Rudman, une touchante scène de genre d’Antoine Dumas, un tableau récent de Richard Mill, un plus ancien de Lauréat Marois et une sculpture de Jean-Pierre Morin. Quelques incontournables de la galerie aussi: Michèle Drouin, Sophie Rauch, David Moore. C’est la commissaire Hedwidge Asselin qui a sélectionné la trentaine de tableaux, gravures, photographies et sculptures occupant les pièces de la Maison Hamel-Bruneau. Un choix sobre, dont les formats respectent l’architecture du lieu et auquel se soumet volontiers Madeleine Lacerte, qui semble ravie de la sélection.
Des 250 expositions qu’a réalisées la galerie, Madeleine Lacerte a connu autant le succès et les files d’attente, à l’époque des vernissages des œuvres de Jean Paul Lemieux, que les inaugurations désertes où les artistes, n’ayant rien vendu, retournaient tristement à leurs ateliers… La galeriste y va de multiples récits convergeant tous vers une idée maîtresse: collectionner l’art est une question de coups de cœur! "On n’achète pas un tableau comme des actions à la bourse!" renchérit celle qui affirme avec conviction: "À Québec, les gens qui ont de l’argent préfèrent s’acheter de belles voitures plutôt qu’un tableau ou une sculpture." N’est-il pas réjouissant de découvrir ses intonations rebelles? Pas étonnant d’apprendre que, lorsqu’elle était étudiante, Madeleine Lacerte et son mari préféraient acheter un tableau plutôt qu’un nouveau sofa… On ne s’étonne plus que la dame ait su fréquenter la bohème d’une certaine époque comme les jeunes artistes actuels. Bien sûr, il est difficile de faire vivre une galerie d’art. Mais cela n’a pas empêché la galerie de prospérer. De participer à des dizaines de foires internationales d’art contemporain (à Paris, Madrid, Dallas ou Boston) où elle a fait voyager les Francine Simonin et Paul Lacroix, les Louis-Pierre Bougie et Jean McEwen.
Depuis 1989, la galerie a fondé sa propre maison d’édition, qui lui permet d’éditer des catalogues, des livres d’art, des coffrets de gravures. Mais encore, l’ouverture de la Galerie Orange, inaugurée récemment à Montréal, est un autre signe que la relève est bel et bien là pour Madeleine Lacerte, dont le fils Louis mène désormais la barque avec son équipe et deux galeries. Quand, devant cet hommage mérité, on lui demande quel bilan elle fait de sa carrière, Madeleine Lacerte répond le regard brillant, absolument convaincue: "Je trouve que j’ai exposé de bons artistes!" En somme, cet hommage à Madeleine Lacerte est aussi l’occasion de rappeler l’importance du travail des galeristes, les liens insoupçonnés qui s’établissent entre eux et les artistes, et l’attachement indéfectible à leurs productions. C’est aussi une invitation à voir et revoir des artistes qui ont fait tout un pan de l’histoire de l’art du Québec depuis les années 60.
Jusqu’au 19 décembre
À la Maison Hamel-Bruneau
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BLOC-NOTES
Solo no 13 de Magali Babin
Le Chantier, c’est une série de spectacles sonores et visuels concoctés par la Chambre blanche, présentés au cours des prochains mois. Pour la première prestation, Magali Babin se joint à Marie-Claude Bouthillier, en résidence au centre d’artistes de la rue Christophe-Colomb, pour une "performance audio ritualisée". Le 1er octobre à 20 h.
Tapisserie miniature
Frédérique Petit a un nom prédestiné pour le travail de moine qu’elle présente chez Matéria: des tapis persans réduits à la taille de cartons d’allumettes. À l’œil nu ou à la loupe, les mini-tapis aux motifs modernes ou orientaux sont renversants. Jusqu’au 3 octobre.