Michael A. Robinson : Atomes crochus
Michael A. Robinson fait exploser une certaine modernité psychologisante au profit d’une présentation plus froide des éléments de base du milieu de l’art.
J’avais bien apprécié l’expo de Michael A. Robinson en 2002, au Centre Skol. Il nous y offrait Sweet Dreams, une installation "psychologique" et très compacte, sorte de parcours dans les méandres du rêve mais aussi dans l’art moderne sous toutes ses formes (vidéo, art abstrait, installation, sculpture hyperréaliste, etc.). Le poids des cauchemars, mais aussi de la tradition moderne (sorte d’héritage fantôme poursuivant l’artiste contemporain), pesait lourdement sur le visiteur, jusqu’à lui donner un sentiment d’étouffement. Cette fois-ci, chez Pierre-François Ouellette art contemporain, ce sont plutôt les notions d’éclatement, d’expansion, de légèreté même, qui prévalent. Comme si Robinson avait décidé de dynamiter l’héritage de cette modernité artistique à forte teneur psychologique.
Le monde onirique a laissé place à un univers bien réel, presque digne des sciences exactes. Partout semble se dévoiler un modèle atomique. Je connais mal la physique, et les gens du milieu, en voyant les œuvres de Robinson, riront certainement de ses comparaisons, mais l’artiste évoque librement cet univers scientifique plus qu’il ne le décrit fidèlement. Ses œuvres sur papier intitulées Blow, qui montrent une multitude de réseaux de lignes, de particules se dégageant d’un noyau sombre, peuvent faire penser à des traces d’atomes obtenues par un microscope électronique. L’imposante structure de bois, My Own Private Modernism (évoquant certaines pièces de Tom Friedman), qui accueille le spectateur à l’entrée, ressemble à une visite au cœur de la structure de la matière.
Mais qu’on ne s’y trompe pas. À travers ces références scientifiques, Robinson parle du milieu de l’art. Car voici en fait une expo qui traite de la structure atomique de l’art, de ses éléments de base, de ses plus petites parties. Cette construction de bois est en fait constituée de cadres pour des tableaux ou des photos. Les réseaux de lignes nous parlent de ces projets qui parfois trouvent leur source dans un dessin ou un plan de la galerie gribouillé sur un bout de papier. La plus spectaculaire des pièces de cette expo, Various Studio Essentials, traite aussi de cela. Sorte d’immense atome, elle est composée de tous les objets que l’on peut trouver dans un atelier, objets qui semblent graviter autour d’un noyau central grâce à une énergie mystérieuse. Davantage que par de la colle, des clous, ou une force de la physique, ils tiennent ensemble grâce à une force première bien plus fondamentale: le désir de l’artiste.
Jusqu’au 30 octobre
À la Galerie Pierre-François Ouellette art contemporain
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