Nicolas Baier : Format géant
Le photographe Nicolas Baier vient d’achever une photo monumentale pour un nouveau bâtiment du centre-ville. Pas la meilleure pièce de Baier, mais du Baier tout de même!
C’est certainement le plus grand "1 %" à avoir été réalisé au Canada. Ses dimensions sont monumentales. Il s’agit d’une photo, transformée en murale de verre translucide, évocation libre de l’art du vitrail de 6000 pieds carrés (22 mètres de haut par 26 mètres de large!). Un budget total frôlant le demi-million de dollars.
Pour son nouveau pavillon de génie, d’informatique et d’arts visuels, coin Mackay et René-Lévesque, l’Université Concordia a vu grand. Après avoir ouvert le concours à plusieurs artistes importants du Québec, elle a choisi l’artiste Nicolas Baier pour remplir sa commande. Et Concordia a fait un bon choix, le résultat étant impressionnant. Je ne crois pas que ce soit la meilleure photo de Baier, mais c’est du Baier tout de même, l’un de nos plus grands photographes actuels. Mais l’art public peut-il être autre chose qu’un compromis?
J’aurais personnellement souhaité que le comité de sélection choisisse plutôt la première photo présentée par Baier. Il avait soumis une version de Capillaires, image d’un arbre vu de côté, tout rouge, montrant ses arborescences à la façon d’une tache d’encre coulant sur une feuille de papier. Un symbole simple de la création artistique et du savoir sur la durée des générations. Mais une image prenante. La connotation sanguine a certainement troublé les membres du comité de sélection. L’affaire Valery Fabrikant (qui a tué quatre professeurs de cette université) n’est pas très loin. Elle date de 1992 et elle est encore fraîche dans bien des mémoires. Alors, c’est plutôt l’image d’une plante, une Langue de feu (pour une université, c’est mieux qu’une langue de bois), qui a remporté l’adhésion de tous. Ce type d’Anthurium très coloré (le poinsettia de Noël fait partie de cette espèce) est très proche d’une autre variété, appelée la Palette-de-peintre (je n’invente rien). De la palette du peintre à la langue de feu, il y a un pas que l’artiste contemporain franchit. Cette plante toxique si ingérée telle quelle, mais dont on peut extraire un anti-inflammatoire, me semble une belle manière de parler de la notion de savoir. Une pièce réalisée en collaboration avec le cabinet de design Braun-Braën, formé de Hans Frederick Brown et de Bruno Braën.
Pavillon de génie, d’informatique et d’arts visuels de l’Université Concordia (coin Mackay et René-Lévesque)