Copyright Rubens : Les autres Rubens
Arts visuels

Copyright Rubens : Les autres Rubens

Si on vous dit Rubens, vous pensez à ce peintre qui a donné aux femmes une chair généreuse et un visage angélique, non? Allez donc faire un tour au MNBAQ, vous vous ferez une tout autre idée de son travail.

Organisée conjointement par le Musée royal des beaux-arts d’Anvers et le Musée national des beaux-arts du Québec, l’exposition Copyright Rubens. L’Art du grand imagier réunit 150 œuvres. À quelques exceptions près, il s’agit de gravures réalisées à partir des compositions du peintre et dessinateur flamand. Rarement a-t-on vu autant de gravures de Pierre Paul Rubens réunies en un même lieu. L’ensemble offre un aperçu inédit de cet artiste du XVIIe siècle dont l’influence directe s’est fait sentir dans l’Ancien et le Nouveau Monde jusqu’à la fin du XIXe.

Rubens, graveur? Non. Mais Rubens directeur d’atelier de gravure, oui. Rappelons qu’à l’époque, le droit d’auteur n’existait pas. N’importe qui pouvait donc reproduire les œuvres de Rubens et les signer de son nom. Irrité par cette pratique, Rubens demanda des privilèges aux Pays-Bas espagnols, à la France et à la République hollandaise et les obtint pour une période de 7 à 12 ans. Dès lors, il met en œuvre un projet qu’il a à cœur: faire transposer ses œuvres par des maîtres graveurs pour lui assurer une plus large diffusion. Entre le XVIIe et le XIXe siècle, plus de 800 planches auraient été gravées. La sélection des gravures présentées au MNBAQ a été effectuée par les conservateurs Nico Van Hout, du Musée d’Anvers, et Mario Béland, du MNBAQ. Leur choix donne à voir Rubens comme "grand imagier".

Là où l’artiste étonne le plus, c’est lorsqu’il s’intéresse aux paysages ou à la chasse. Il perd alors son image de "peintre de la sensualité" et gagne celle de maître de l’extravagance et de la mélancolie. Il faut voir La Chasse à l’hippopotame et au crocodile. Jamais n’a-t-on vu un hippopotame plus furieux, plus emporté par sa propre violence. Il faut aussi voir les paysages de Rubens, dans lesquels on reconnaît déjà Turner.

Copyright Rubens réserve une place particulière aux artistes québécois, dont Théophile Hamel et Antoine Plamondon. Tous deux se sont fait un devoir de reproduire, trait pour trait, deux des œuvres les plus copiées de Rubens: L’Éducation de la vierge et La Descente de croix. Mais si Hamel s’est contenté de reproduire en format réduit l’œuvre modèle, Plamondon la recopia dans son format original, la signa de son nom – pratique courante à l’époque – et en fit don aux Augustines de l’Hôtel-Dieu de Québec. Copyright Rubens réserve d’autres surprises, dont la toile grand format Sainte-Thérèse d’Avila, présentée en primeur au public québécois. Au premier plan, on aperçoit une tête blonde de femme, "du Rubens de première qualité" selon Van Gogh.

Pierre Paul Rubens confia la transposition de ses compositions à des maîtres graveurs dont la virtuosité égalait certainement celle du peintre. Il faut voir Copyright Rubens pour se forger un autre regard sur Rubens et sur l’art de la gravure.

Jusqu’au 9 janvier 2005
Au Musée national des beaux-arts du Québec
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BLOC-NOTES

DESSINER AU MUSÉE

Savez-vous que vous pouvez faire autre chose au Musée national des beaux-arts du Québec que simplement regarder les œuvres des autres? Tous les dimanches jusqu’au 19 décembre, le Musée vous invite à prendre le crayon, la craie, le fusain ou la sanguine et à dessiner sous les conseils d’une artiste chevronnée. Les ateliers d’initiation au dessin pour adolescents et adultes durent 55 minutes et coûtent 3 $, taxes et matériel inclus. Info: (418) 643-2150.

INVESTIR LE CYBERESPACE

La Chambre blanche propose des résidences de production aux artistes intéressés à explorer le Web comme espace de création. Vous avez jusqu’au 17 décembre pour soumettre votre dossier, par la poste ou par courriel. Infos: 529-2715 ou www.chambreblanche.qc.ca.

UN ROBOT ÉCLAIRÉ PAR UN PHARE

De la grande visite à l’Oil de poisson cet automne! D’abord, celle de Tenir sans servir c’est résister, un robot créé à Paris et venu se balader sur le continent pour la première fois. Créé par Michel de Broin, Tenir sans servir c’est résister doit tenir compagnie au pont de Québec, mais ce dont il ne se doute pas, c’est qu’il aura comme voisin le Phare intérieur de Laurent Gagnon. Cet artiste issu de l’École des arts visuels de l’Université Laval se prend pour un archéologue et construit des sculptures baroques avec tout ce qu’il trouve. Pour inconditionnels surtout, jusqu’au 14 novembre.