Richard Purdy : Fiction réaliste
Richard Purdy, dans ses projets artistiques, cherche toujours à déstabiliser le public. Cette fois-ci, il a revisité un ancien projet et a recréé la civilisation "fictive" du Ba Pe tardif.
Personnage animé par le scepticisme, Richard Purdy a le curieux réflexe de semer le doute partout où il passe. S’interrogeant sur la réalité, il utilise l’art pour explorer les failles de différentes sciences et ce, depuis des lunes.
Au début des années 1980, il a travaillé pendant 5 ans avec une équipe de 17 personnes, parmi lesquelles figuraient de nombreux spécialistes. Ensemble, ils ont imaginé une civilisation complète. Ils ont inventé les rituels et les croyances de ses habitants, ont créé une langue, une forme d’écriture, des danses, des artefacts… Le tout soutenu par un discours scientifique solide. C’est ainsi qu’a vu le jour le Ba Pe tardif, une culture asiatique qui se serait éteinte en l’an 740 après J.-C. Question de faire une blague à d’éventuels archéologues, Richard Purdy s’est ensuite rendu en Indonésie, a choisi un site où aurait pu vivre une telle société et a mis sous terre les fruits du laborieux projet. Beaucoup plus tard, le Musée des beaux-arts du Québec l’a approché afin qu’il y présente ce projet durant l’été 2004. Comme tous les artefacts avaient été enterrés, l’artiste, qui enseigne aujourd’hui au Département des arts de l’UQTR, a décidé de concevoir de nouveaux objets d’inspiration Ba Pe.
Le créateur avoue avoir acheté au Dollarama tous les objets qui ont servi de base à Revisiter la civilisation du Ba Pe tardif: témoignages artefictionels. Il les a cependant transformés et vieillis. "Il faut juste changer le contexte et on ne voit pas les objets de la même manière. Tout se passe dans la tête", souligne-t-il. Jusqu’au 5 novembre, ce contexte est l’Atelier Silex de Trois-Rivières, salle qui s’est métamorphosée en un musée ethnographique du tiers-monde. De fait, l’endroit, qui ressemble étrangement à un atelier d’archéologues, baigne dans la poussière, et les collections semblent mal conservées (des insectes morts ont même été placés dans les boîtiers en verre afin de faire plus réaliste). L’installation de cette fiction historique réunit des artefacts anciens, des cartes géographiques, des bijoux, des outils… Une panoplie d’objets qu’il faut observer à l’aide d’une lampe de poche.
Jusqu’au 5 novembre
À l’Atelier Silex
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