La Robe écrite : La robe dans tous ses états
La Robe écrite, une exposition de Carole Baillargeon présentée au Musée Marsil, nous parle du féminin, de robes-personnages et de littérature.
Dans une salle qui ne ressemble pas à une salle d’exposition, des robes impossibles à porter, des robes-personnages qui compriment en elles des histoires personnelles et des recherches sur les matériaux textiles. Le bâtiment date de 1750. Les poutres du plafond de la salle du rez-de-chaussée sont lisses de la patine du temps et les planchers vernis reflètent une lumière feutrée et oblique: le lieu est déjà chargé d’histoire et on est loin de l’espace d’exposition blanc et vide auquel nous a habitués l’art contemporain. Il y a des citations sur les murs qui nous introduisent dans l’univers de Carole Baillargeon et, précédant chaque œuvre, des titres de textes qui ont bercé leur gestation: Les Robes du sang de Josée Coulombe, Une petite robe de fête de Christian Bobin, Suite pour une robe de Louise Warren…
CES ROBES QUI NE SONT PAS DES ROBES
Six grands archétypes sont exposés. Il y a entre autres la Robe appât, séductrice semi-organique rouge et veloutée, dont l’arrière fissuré laisse voir un intérieur hérissé de centaines d’hameçons à plumes débordant en forme de traîne vers l’avant de la robe. Lui répondant avec une égale force, il y a la Robe de l’abnégation, étrange bête à forme humaine lovée sur elle-même, faite de longs cheveux synthétiques appliqués au point noué (un à un) sur un mannequin de couture. Au premier, il y a la Robe âme, dorée et translucide, au cœur ponctué de billes, faite de filaments de fibre de verre et de laiton oxydé au plexus et aux pieds, ainsi que la Robe être ou paraître, demi-sirène couchée, exosquelette rigide à l’intérieur ciselé qui se contemple dans un miroir. Y trône en reine la Robe souvenirs, suspendue, immense, sorte de monumental manteau de deuil composé de lanières de tissu tressées, nouées et encrées, coulant en rivières sur le plancher autour.
L’exposition contient également une maquette de la Robe de la folie et de la liberté, des œuvres d’une série antérieure (Le Corps cassé), objets ludiques et manipulables qui parlent d’enfance, d’éducation et de mémoire (La Ballerine, Le Tricotin, La Berceuse qui fait non…) ainsi qu’une série de petits tableaux, Dessins de fil.
MÉTAPHORES ET MÉTAMORPHOSES
L’artiste nous a habitués à une pratique hybride entre l’art contemporain et les métiers d’art, caractérisée par des recherches sur le textile et l’histoire du vêtement. Ici, elle nous parle surtout de ce dernier dans la relation qu’il entretient avec le corps, la pudeur, le féminin et l’identité. Du vêtement-protection et du vêtement-séduction, qui sculpte le corps de la femme tout autant qu’il en est l’empreinte. Même si la question du corps a déjà été beaucoup traitée, il semble bien que Baillargeon ait encore énormément à dire sur la relation complexe qu’entretient le vêtement-parure avec l’idée du corps camouflé. www.museemarsil.org.
Jusqu’au 7 novembre
Au Musée Marsil
Voir calendrier Arts visuels