Patrick Beaulieu et Yves Blais : Illusions d’optique
Patrick Beaulieu et Yves Blais travaillent sur les limites du regard. Deux expos fascinantes.
Tout comme l’installation de Teresa Ascencao au Vidéographe, celle de Patrick Beaulieu chez Circa joue sur les limites de notre regard. Dans Effritements, Beaulieu travaille entre autres sur le fait que nous faisons plus que voir le monde: nous projetons sur celui-ci du sens. Il énonce également comment notre œil est fasciné par des images insaisissables.
Dans une quasi-obscurité, tournoient une série de tiges au bout desquelles sont attachées des branches d’arbres et des racines. Sur le mur, des images fixes montrent d’une manière plus stable la forme que prennent ces brindilles dans leur mouvement. Mais ces images ont une présence tout aussi énigmatique.
En fait, au premier coup d’œil, tout cela fait penser à ces taches d’encre qui constituent le célèbre test de Rorschach et qui permettent en psychanalyse de libérer la parole du patient, qui projette sur ces images ce qui le hante. Après vous avoir dit cela, dois-je vraiment vous confier ce que j’y ai vu? Des fois, cela évoque des personnages diaboliques… D’autres fois, des radiographies, des toupies, des radis, des coupes à vin! Je laisse aux lecteurs le droit de faire ma psychanalyse sauvage (gratuite, bien sûr!). Mais ces sculptures-images hypnotisent surtout pour une autre raison. Beaulieu travaille sur le scintillement, sur des images évanescentes. Il nous parle d’un phénomène que nous connaissons bien. Les images qui au cinéma ou à la télé se succèdent d’une manière discontinue ne titillent-elles pas elles aussi notre cerveau en vibrant continuellement, et ce, même si consciemment nous ne nous en rendons pas compte?
Toujours à la galerie Circa, dans la grande salle, Yves Blais propose une installation que le visiteur aura tout autant de mal à regarder en face, non parce qu’elle échappe au regard, mais parce qu’elle est peu ragoûtante. Blais, connu pour avoir composé pendant plus de dix ans, avec Violette Michaud, le duo Les Noces de Cana, nous propose La Génération spontanée, une expo dans laquelle il poursuit l’illustration de sa fascination pour les mouches (déjà énoncée dans Par l’appeau du brachycère, présentée en 99 à la même galerie). Images de cadavres d’animaux en putréfaction, machines sonores grinçantes et surtout une multitude de mouches vivantes ou mortes constituent son installation baroque. La mort et la vie s’y côtoient avec intensité.
Jusqu’au 13 novembre
Au Centre d’exposition Circa
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