Arts visuels

Sturm Und Drang, Métaphoretraits : Notes arts visuels

STURM UND DRANG

Dans la pénombre, les cris horrifiants d’une femme glacent le sang des visiteurs avant même qu’ils n’aient posé les yeux sur une seule des grandes œuvres photographiques posées aux murs. Sur fond d’échantillonnages des tristes violons de la trame sonore du Mépris de Godard, et de musique du plus pur pop, la femme lance ses cris de détresse, en pure perte. Personne ne la libérera de son cauchemar. D’une esthétique romantique dans la lignée des préraphaélites et des tourments du XIXe siècle, l’exposition Adieu de Claude Ferland exploite un univers sublime et onirique par la photographie et la projection vidéo. Les photos montrent des arbres tronçonnés, tronqués, écorchés vifs, dans un espace humide envahi de mousse et de feuilles. La projection vidéo met en scène une femme, celle dont les cris nous déchirent l’âme, attachée à un arbre, tantôt se débattant, tantôt se résignant. "Je travaille depuis longtemps sur la thématique de la recherche du bonheur, du bien-être, et sur son pendant, le désenchantement, le mal-être, le malaise", explique l’artiste.

Fascinante, l’exposition est présentée jusqu’au 5 décembre à Langage Plus.

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MÉTAPHORETRAITS

Le Centre national d’exposition présente jusqu’au 9 janvier l’exposition Métaphoretraits de Jean-Pierre Séguin. Des dizaines de visages accueillent les visiteurs, des gros plans. De loin, et à première vue, on jurerait des photographies, peut-être un peu floues. De près, on remarque que la plupart des portraits sont quadrillés et que chaque petit carreau est rempli d’un trait de crayon, de peinture, d’un motif, voire d’un bouton. C’est en fait l’ensemble de ces traits, de ces formes et de ces couleurs qui fait naître le portrait. Le titre prend alors tout son sens, tous ses sens. Métaphore, lit-on d’abord. "Employer un terme concret dans un contexte abstrait", "portraits concrets, contexte abstrait", précise l’artiste. Ici, les portraits sont en effet des figures concrètes, reconnaissables même, puisqu’il s’agit de personnalités connues du milieu artistique, dont plusieurs sont actives en recherche universitaire. Autour, le contexte de l’œuvre est invisible. Le médium – trait de crayon, couleur, motif ou bouton, morceaux de casse-tête qui prennent toute la place lorsqu’on se rapproche – devient en quelque sorte ce contexte abstrait caractéristique de la métaphore. Métaphoretraits rappelle aussi chacun de ces traits formant les portraits. Bien d’autres couches de sens se superposent; il faut s’y rendre et s’y faire ses propres réflexions.