À coup sûr : Pièces de collection
Arts visuels

À coup sûr : Pièces de collection

L’exposition À coup sûr, présentée au MNBAQ, met en valeur la vision de deux collectionneurs assidus, Patrice et Andrée Drouin. Pour continuer dans la veine de l’art contemporain.

Les créateurs et spécialistes connaissent bien Patrice et Andrée Drouin. D’abord pour leur engagement constant envers la création québécoise, mais aussi en raison de la présence régulière des œuvres de leur collection au sein d’expositions diverses, pour lesquelles ils n’hésitent pas à consentir des prêts. Les Drouin sont plus particulièrement associés à un âge d’or de l’histoire de l’art au Québec. On se rappellera notamment leur complicité avec le galeriste Michel Giroux qui, par sa célèbre Galerie Jolliet, a animé le milieu de l’art québécois pendant quelques décennies. C’est donc à une période toute particulière de notre histoire de l’art que nous sommes conviés ici. Le conservateur Michel Martin met d’ailleurs en lumière, dans une sélection judicieuse, la cohérence de cette collection, dont certaines œuvres font aujourd’hui partie de la collection permanente du Musée national des beaux-arts du Québec. Une soixantaine d’œuvres de la collection Drouin ont en effet été données au Musée au fil des ans et d’autres acquisitions sont actuellement en cours. Dans la conjoncture actuelle, où le don d’œuvre prend, dans nos institutions muséales, une importance bien supérieure aux acquisitions, ces collaborations sont précieuses, voire essentielles, pour la préservation de notre patrimoine récent.

L’exposition qui nous est proposée regroupe donc la production de quelques créatrices et créateurs importants des années 80. On retiendra notamment une œuvre magistrale de Gilles Mihalcean intitulée familièrement Vieille Branche, qui fut conçue en mémoire du critique d’art René Payant. Glissements de sens, métaphores, allégories composent cet hommage à la fois poétique et d’une grande intelligence formelle. Puis il nous faudra aussi noter la présence de Fac-similé, de l’artiste sculpteur Michel Goulet, une œuvre-phare dans l’histoire de la sculpture au Québec. Goulet construit ici, à partir du motif simple de la table, un lexique riche et ludique traitant de la représentation de l’objet. L’exposition nous propose également un très beau tableau de Richard Mill témoignant d’un passage décisif au sein de sa production, une ouverture de l’abstraction à des compositions extrêmement fluides où le mot intervient pour tisser des liens avec le réel.

Un autre moment fort de cette exposition est sans contredit la présentation d’une œuvre monumentale de l’artiste Pierre Granche. Intitulée Gravité/Cité/Ennuagé, cette œuvre sculpturale domine tout l’espace et nous offre, sur un imposant promontoire en paliers, un paysage urbain, foisonnant, dont les emprunts architecturaux, de l’antiquité à l’ère moderne, constituent les signes d’un certain postmodernisme.

Onze artistes au total, parmi les plus importants de leur génération. Et le Musée, ici, joue bien son rôle en nous permettant d’entrer à nouveau en contact avec de grands moments d’un passé encore bien vivant.

Jusqu’au 23 octobre 2005
Au Musée national des beaux-arts du Québec

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BLOC-NOTES

PRIX MONIQUE ET ROBERT PARIZEAU

Autre complicité fertile entre le Musée national des beaux-arts du Québec et les collectionneurs-mécènes: au fil de quatre années consécutives, la Fondation Monique et Robert Parizeau s’est engagée, en collaboration avec l’équipe du musée des Plaines, à remettre annuellement une bourse de 20 000 $ à un ou une artiste de l’estampe. À cela s’ajoute une somme de 15 000 $ remise au Musée en vue de l’acquisition d’œuvres de l’artiste; enfin, un montant de 15 000 $ permet chaque année de réaliser une publication sur l’œuvre gravé du lauréat ou de la lauréate. Francine Simonin recevait donc récemment le Prix de la Fondation, alors qu’on lançait un livre d’art au graphisme exemplaire portant sur l’œuvre d’Elmyna Bouchard, la lauréate du prix en 2003. Une exposition du travail des quatre lauréats est en outre prévue pour 2006. Il nous faut donc louer haut et fort cette initiative de Monique et Robert Parizeau, qui comptent parmi ces rares mécènes qui soutiennent aujourd’hui et de manière significative la diffusion de la création contemporaine.