Séverine Hubard : Home dépôt
Arts visuels

Séverine Hubard : Home dépôt

Au Centre Skol, Séverine Hubard nous propose un dédale surprenant, presque incompréhensible, qui d’un certain point de vue se dévoile et nous montre sa vraie nature.

Pour voir la plus récente œuvre de l’artiste française Séverine Hubard, le visiteur de la Galerie Skol devra se soumettre à toute une gymnastique. Il devra passer par les bureaux, les longues coulisses de la galerie, s’accroupir pour entrer par une porte basse, marcher à quatre pattes, grimper à une échelle… Mais en fait, du coup, il fera même plus que cela puisque, dans son périple, il parcourra tous les recoins d’une maison, de ses fondations au toit, en passant (littéralement) par la cheminée, le grenier, les chambres… Car, en fait, l’intérieur de la Galerie Skol a été transformé en une maison-cabane. C’est comme si, par quelque magie supérieure, cette habitation avait poussé là, transversalement dans la galerie (avec un angle digne du lit de Pôpa et Môman dans La Petite Vie).

Cette intervention, intitulée Coupée coincée, m’a fait penser aux pièces du trio de Québec BGL (dont on s’ennuie des créations fantastiques), à leurs dédales mystérieux et à leur travail avec le bois qui a renouvelé l’image du "gosseux" et du "patenteux" québécois.

Séverine Hubard, en résidence au Centre de sculpture est-nord-est à Saint-Jean-Port-Joli, a produit ce qu’elle qualifie de "bricolage subversif". Avec cette cabane, elle nous oblige à réfléchir à la notion d’espace et aux dimensions de nos environnements privés et publics. De nos jours, la galerie est un espace de dimensions presque dignes du musée et qui n’ont plus rien à voir avec l’espace privé. Elle peut quasiment englober une maison tout entière. Le format des œuvres en a été modifié. Il fut une époque où une maison pouvait contenir une collection d’œuvres. Maintenant, c’est la galerie et l’œuvre qui enveloppent la maison… Et nous pourrions aussi parler des espaces commerciaux surdimensionnés, véritables châteaux de la vente, alors que les appartements et maisons rétrécissent et valent de plus en plus cher. Les espaces privés se vendront peut-être un jour au mètre cube. Alors que l’on muséifie presque les bungalows, Hubard expose, presque comme une relique, la maison à étages.

Voici la première collaboration entre le Centre de sculpture est-nord-est et le Centre des arts actuels Skol. Espérons que ce n’est pas la dernière.

Jusqu’au 18 décembre
Au Centre des arts actuels Skol

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