Susan McEachern : Nature et féminisme
L’exposition de l’artiste Susan McEachern Multiplicité de sens réunit plusieurs séries photographiques portant un regard tendre sur la condition féminine.
Susan McEachern
n’y va pas par quatre chemins et proclame son appartenance au mouvement féministe. Avec ses nombreuses séries photographiques présentées au Musée canadien de la photographie contemporaine, elle porte un regard tendre sur la condition féminine. Elle analyse et dissèque les composantes de sa vie privée pour en faire ressortir les éléments qui trouvent une résonance chez le public et insiste pour traiter de sujets "dont tout le monde est expert".
Les œuvres sont regroupées par série. Des textes explicatifs relatent le contexte de la création de l’œuvre. Les sujets utilisés forment tous, à leur façon, une métaphore concernant les mémoires de vies privées telles que vécues par des femmes à différents moments importants de leur vie. Les photographies sont accompagnées de textes imprimés, parfois sur la vitre les protégeant, parfois directement sur le papier photo ou encore dans un petit livret accroché au bas de l’œuvre et que le visiteur peut consulter. Ces petites mises en scène racontent une histoire, des mémoires.
La série La Création du désir comporte trois parties. La première, intitulée Les histoires qu’on nous raconte, aborde le thème des stéréotypes sociaux selon lesquels les femmes seraient insatisfaites et plus passives et les hommes, plus agressifs et violents. Cette série est représentée par des images sorties de romans à l’eau de rose de style Harlequin, reconnus pour leurs images en couverture. L’artiste a inséré des phrases ajoutant une note ironique au message véhiculé. La seconde portion de la trilogie s’intitule Les histoires qu’on se raconte et dépeint la vie domestique de la femme qui prend soin de son enfant. L’artiste explore son anxiété par rapport à la maternité et à l’avenir qui est réservé à sa fille. Enfin, la troisième partie, Les histoires qu’on peut raconter, intègre des textes d’auteures féministes telles qu’Ursula Le Guin ou Marge Piercy, qui ont dépeint leurs visions de l’utopie féministe.
Une autre grande série fait référence aux plantes de jardin, aux mauvaises herbes et à l’expérience de Susan McEachern lorsqu’elle travaillait dans un camp de canot-camping. La série Le Jardin est particulièrement touchante, car elle intègre les mémoires d’une femme qu’on devine d’un certain âge et qu’on apprend à connaître par ses remarques concernant les fleurs et la nature.
Les baby boomers reconnaîtront les questions qui ont été soulevées à la fin des années 70 et au début des années 80. McEachern parle des combats de sa génération et de ses craintes à l’endroit de la génération de sa fille maintenant adolescente.
Si vous désirez visionner une excellente entrevue avec l’artiste, il suffit de vous rendre sur le site du Musée, de cliquer sur "Expositions maintenant à l’affiche" et de vous rendre au lien "plus d’informations sur Susan McEachern".
Cette exposition aux mises en scène parfois lourdes ne peut être vraiment appréciée que si le visiteur prend le temps de déguster chaque citation qui complémente l’image. Elle jette un regard poétique et ludique sur le chemin parcouru par les femmes en Amérique du Nord.
Jusqu’au 9 janvier
Au Musée canadien de la photographie contemporaine
Voir calendrier Arts visuels