La Maison de la culture Frontenac : Le juste prix
La Maison de la culture Frontenac nous propose un survol des œuvres des lauréats de trois importants prix artistiques montréalais. Un juste aperçu de la création contemporaine?
Les prix et les récompenses, c’est comme les sièges à l’Académie française ou les places au paradis dans les descriptions des intégristes religieux (de tout acabit): d’aucuns se demandent si ce sont les bonnes personnes qui y ont droit… À défaut de toujours récompenser les meilleurs et les plus innovateurs, les prix artistiques créent un événement public qui fait parler de l’art et insufflent un peu d’argent dans un milieu où (répétons-le encore une fois) il manque beaucoup de sous. Et il n’y a pas que les gouvernements qui soient chiches, les citoyens n’investissent pas non plus beaucoup dans l’art, le Québec n’ayant pas encore une très forte tradition de collectionneurs (petits ou grands). Et puis, certains préfèrent encore dépenser 200 dollars pour une reproduction laminée plutôt que d’acheter une œuvre originale!
L’exposition de trois importants prix montréalais à la Maison de la culture Frontenac saura pourtant démontrer à ceux qui en douteraient combien la jeune (et moins jeune) création se défend bien dans notre ville. Les œuvres présentées ne manquent pas de panache. Vous y retrouverez des pièces des lauréats des prix Pierre-Ayot (pour les jeunes artistes) et Louis-Comtois (pour les artistes à mi-carrière), créés en 1996 par la Ville de Montréal et l’Association des galeries d’art. Mais vous y verrez aussi des réalisations des récipiendaires du prix François-Houdé (lui aussi créé en 1996, toujours par la Ville de Montréal, mais cette fois en collaboration avec le Conseil des métiers d’art du Québec).
Je dois dire que les prix Ayot et Comtois ont été décernés à des artistes de haut niveau. Citons quelques noms: Nicolas Baier, Pierre Dorion, Emmanuel Galland, Pascal Grandmaison, Nathalie Grimard, Sylvie Laliberté, Alain Paiement, Guy Pellerin, Roberto Pellegrinuzzi, Rober Racine, Richard-Max Tremblay… Il me faut tout de même souligner que les femmes sont peu représentées (il y en a seulement cinq sur les dix-huit lauréats récompensés par ces deux prix en neuf ans…). Et qu’on ne me dise pas que, de nos jours, ces questions de représentation des genres ne sont plus pertinentes! Après des années fastes pour les femmes (dans les années 80 et une partie des années 90), on met à nouveau plus souvent qu’autrement des hommes artistes sur le devant de la scène. C’est une tendance. Vivons-nous une époque de retour à l’ordre?
Les prix François-Houdé me semblent, quant à eux, plus inégaux. J’ai souvent eu le sentiment que les artistes des métiers d’art favorisaient dans leurs œuvres une originalité peu justifiée par la nature des objets créés. Soulignons néanmoins la présence de créateurs comme Diane Canuel, Francis Coupal, Natasha St-Michael et Maude Bussières.
Jusqu’au 16 janvier
À la Maison de la culture Frontenac
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