Arts visuels

Les outils de Dédale, Marie-Claude Bouthillier, Christopher Pratt : Notes arts visuels

LES OUTILS DE DÉDALE

Pierre Dumont est le fondateur et le directeur artistique du Festival des musiques de création du Saguenay-Lac-Saint-Jean depuis 1989. Son exposition nous donne à apprécier tous ses talents de musicien, peintre et sculpteur. Il nous propose un parcours dans l’espace du labyrinthe, nous entraînant graduellement vers le cœur de la salle dans une progression circulaire qui nous oblige à revenir sur nos pas pour retrouver l’ordre des œuvres numérotées. Parmi elles, une œuvre qui prend les allures d’un gramophone participe, par son effet sonore, à créer une ambiance hors du temps. L’artiste utilise divers objets pour la réalisation de ses pièces: du bouchon de liège aux outils, de la boule de billard à la poignée de porte. Tous sont bien intégrés de façon à servir la cohérence des œuvres avec leur sujet. Ici, la peinture, la sculpture, le son et l’art de l’installation nous enveloppent dans un espace où le lieu devient celui de la mythologie. Nous reconnaissons Dédale à chaque détour, dans sa créativité, dans l’ingéniosité des machines et outils inventés, jusqu’à oublier qu’un artiste s’interpose entre lui et celui qui regarde. Une exposition que vous pourrez visiter jusqu’au 8 mai 2005 au Centre national d’exposition. À l’Espace Tryptik est aussi présentée jusqu’au 20 février l’exposition Répertoire d’Icare, également de Pierre Dumont, qui est la continuité de celle sur Dédale. On s’en reparle!

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RÉSISTER, SE DISSOUDRE

À la galerie Espace virtuel, située au Cégep de Chicoutimi, vous pourrez découvrir les œuvres de Marie-Claude Bouthillier dans l’exposition ayant pour titre Résister, se dissoudre. L’exposition, qui se termine le 20 février, a été mise sur pied par une artiste de Montréal dont les œuvres ont voyagé en Espagne, en France, à Cuba, au Mexique, à Los Angeles, à Toronto et dans plusieurs régions du Québec. Ses toiles, qu’elle désigne comme étant des autoportraits, expriment le corps sous plusieurs formes: parfois fractionné, parfois déformé ou parfois encore seulement évoqué. Le titre Résister, se dissoudre se fait bien ressentir à travers chacune des oeuvres. Souvent, les formes représentées résistent, en quelque sorte, à la blancheur des toiles de canevas de format géant par leur traitement minimaliste. Marie-Claude Bouthillier est constamment à la recherche du principe générateur le plus simple possible de façon à créer des toiles ouvertes qui laissent une grande place à celui qui les regarde. "L’image minimum", comme elle l’appelle, est utilisée dans la réalisation d’autres toiles selon le principe de la variation. L’usage de divers motifs, des lettres, des points, des carrés, rappelle la dissolution, l’objet réduit à ce qui le constitue. "Pour moi, l’identité se vit dans ce va-et-vient incessant de la conscience, qui oscille entre le désir d’être unique et séparé du monde, et celui de se fondre en lui pour s’y perdre."

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LÀ OÙ JE SUIS ALLÉ

Christopher Pratt nous fait visiter, par ses estampes, Terre-Neuve: espace de mer et de ciel où les objets ne sont habités que par la douceur et la précision d’un regard qui redécouvre la terre de son passé. Christopher Pratt est un artiste natif de Terre-Neuve. Reconnu comme un des artistes canadiens les plus accomplis, il nous livre ces images à mi-chemin entre son imaginaire et les lieux où l’ont mené ses pas. Cette exposition s’inscrit dans une tournée organisée par le Musée des beaux-arts et le Fonds Canadiana, qui s’est vu offrir par l’artiste 26 de ses estampes. En 2000, elle a été présentée à Rideau Hall, la résidence du gouverneur général du Canada à Ottawa. On peut observer une trentaine d’œuvres de sérigraphie et de lithographie réalisées entre 1961 et 1990. Chacune témoigne d’un souci de précision de la structure, dans une lumière nuancée qui dévoile des couleurs souvent feutrées. L’omniprésence de l’eau est remarquable. L’artiste exploite ce thème dans la représentation de ponts, de bateaux, de voies ferrées ou de maisons ayant vue sur la mer. Tour à tour, il donne l’impression aux observateurs qu’ils se trouvent sur un bateau ou qu’ils s’apprêtent à pénétrer dans un phare: les points de vue créent l’illusion que Pratt nous fait visiter les endroits qui bercent les souvenirs de sa vie à Terre-Neuve. L’exposition Là où je suis allé est au Centre national d’exposition jusqu’au 24 avril.