Dallaire : Une histoire haute en couleur!
L’exposition Dallaire illustrateur nous fait découvrir une facette moins connue de cet artiste, celle de son talent d’illustrateur et de son passage à l’ONF.
Jusqu’en mars, la Galerie Montcalm présente l’exposition Dallaire illustrateur: extraits des séries historiques. C’est la troisième exposition des œuvres de Dallaire à cette galerie, mais cette dernière a ceci de particulier qu’elle couvre la période des années 1953 à 1956, alors que Dallaire travaillait comme illustrateur pour l’Office national du film (ONF).
Jean-Philippe Dallaire est né à Hull en 1916. Il a fait des études à Toronto, à Montréal et à Paris. Son passage à Paris a lieu pendant la Seconde Guerre mondiale; lui et sa femme sont détenus durant l’Occupation. Dallaire passera quatre années difficiles qui le marqueront à jamais. Certains de ses tableaux de cette époque sont de facture surréaliste et portent un commentaire acerbe envers la société et la folie de la guerre. Dallaire a produit des tableaux influencés par plusieurs mouvements artistiques de l’époque. Dans les années 50, les expérimentations artistiques foisonnaient. Dallaire a eu le privilège d’être influencé par les peintres d’alors et de les influencer lui-même.
Il enseigne de 1945 à 1952 à l’École des beaux-arts du Québec. Il peint en parallèle d’immenses murales, dont la Murale Québec en 1951, retraçant l’histoire de la fondation de la ville de Québec. Sa production de tableaux de chevalet s’en trouve considérablement diminuée, et le peintre doit alors réévaluer sa pratique artistique.
Dallaire devait faire un choix difficile entre les tableaux de chevalet, les commandes particulières et le travail. Après avoir exploré plusieurs avenues, il opte pour le métier d’illustrateur à l’ONF. Il travaille à Ottawa de 1952 à 1956 et à Montréal de 1956 à 1958. Il a pour mandat d’illustrer l’histoire du Canada en réalisant des gouaches créées pour la production de films fixes.
L’exposition ne comporte que des gouaches qui n’ont jamais été montrées au public. Une occasion en or de découvrir cette facette moins connue de cet artiste local. La Ville de Gatineau est responsable de la collection des 439 illustrations réalisées par Dallaire pour le compte de l’ONF et c’est à partir de cet ensemble que les tableaux ont été sélectionnés. La commissaire, Dominique Laurent, a choisi de nous dévoiler les séries historiques de cette collection: celles portant sur Jean Talon, Jacques Cartier, La Vérendrye et James Wolfe, ainsi qu’une série intitulée Nouvelle-France.
À l’ère des Photoshop et compagnie, il est rafraîchissant de pouvoir se délecter de dessins originaux. Les gouaches sur carton ont conservé toute leur vivacité! Dallaire maîtrise parfaitement son art et les images baignent dans une lumière théâtrale ajoutant une touche dramatique. D’ailleurs, Dallaire utilise les techniques de cadrage du cinéma afin de dynamiser le contenu des illustrations. Ces films fixes étaient destinés aux cours d’histoire dispensés aux immigrants et devaient évoquer les moments marquants de l’histoire du pays. Il était donc important que l’ensemble des images simule bien l’action et participe ainsi à la didactique du cours.
En parcourant l’exposition habilement accrochée, le visiteur a l’impression de pénétrer dans un de ces films fixes. Telles des bandes de pellicules apposées aux murs, les délicates illustrations nous font également revivre une partie de notre histoire et de notre héritage.
Jusqu’au 6 mars
À la Galerie Montcalm
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