Marcel Jean : Sculptures intempestives et propos sur l’art
Marcel Jean répond à nos questions: vous vous demandez qu’est-ce qui pousse les artistes à créer ou bien que faire de l’actuel engouement de certains pour les technologies? Moi aussi!
Allons directement au but. Marcel Jean, que cherchez-vous? "Le plaisir! C’est le plaisir de faire les choses qui m’anime. C’est un plaisir particulier que de faire de l’art. On a toujours l’impression que quelque chose d’inédit peut se produire. Et quand on a senti cela une fois, on veut recommencer." Marcel Jean recommence et recommence depuis des décennies. Dans l’espace de la Galerie Le 36, il présente ses nouvelles sculptures. Il n’y a pas de doute: ce sont des sculptures intempestives. Six objets marginaux, des figures délinquantes, qui ont pour titres les six lettres du mot silence. Six figures colorées où s’emboîtent des pièces de bois peintes, des volumes d’acier et d’étranges formes cimentées. Des objets physiquement très présents. Des objets immobiles et qui, pourtant, parlent de temps; de l’histoire inscrite dans chaque pièce de bois que révèlent les couleurs et les agencements des formes.
Devant ces sculptures délibérément rudimentaires et pourtant si intenses, une question vient me tracasser: je me demande parfois où vont les artistes avec leur engouement pour les technologies. Ils veulent se faire programmeurs, informaticiens. Mais ne faut-il pas toute une vie pour apprendre un métier? "Pour moi, cette question de technique est un faux débat. Il faut toujours transcender les techniques. Il faut voir ce qu’elles permettent. C’est la question du sens qui importe. Les objets d’art ont la prétention d’être porteurs de sens, de signifier quelque chose." Il poursuit et conclut: "Nous avons une conception linéaire de l’histoire, selon laquelle une nouvelle technologie en remplace une autre et ainsi de suite. Mais en art, une des questions essentielles est plutôt: quelle est l’expérience qu’on en fait?" C’était exactement le but de cette visite à la Galerie Le 36… Je savais que j’y ferais une expérience. De là pourra s’articuler un savoir qui sera utile dans bien d’autres circonstances analogues. Que ce soit pour appréhender une bande vidéo, une installation, une photographie ou que sais-je encore!
L’art n’est jamais là où on l’attendait? En tout cas, il est au rendez-vous sur la rue Couillard pour qui voudra bien s’y laisser prendre. On aura compris que les questions de sens qu’on se pose devant l’objet d’art sont bel et bien partagées. Et puis, Marcel Jean se penche depuis si longtemps et si profondément sur ces questions que ses intrépides tourelles de bois colorées nous les transmettent. Dans l’espace de la galerie, devant et autour de six sculptures, on se demande en effet: "Mais quelle est cette expérience que je suis en train de faire?" Et cette question, on la rapporte avec soi.
Jusqu’au 13 mars
À la Galerie Le 36
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BLOC-NOTES
BORIS FIRQUET, ANTHOLOGIE 1993-2004
Boris Firquet est peut-être le plus important créateur vidéo de Québec. Voilà que la Bande Vidéo sort un DVD compilant les vidéos qu’il a réalisées depuis 10 ans. Puisque Boris Firquet lui-même préfère encore visionner ces bandes sur sa télé-de-17-pouces, vous pourrez en faire autant en vous procurant la chose lors du lancement, le samedi 26 février à 21 h, chez Rouje. Suivra à 23 h une soirée de vidéo live. Une des dernières activités du Mois Multi.