NOURRITURE TERRESTRE
Martin Dufrasne poursuit une recherche dans le monde des arts visuels depuis quelque 10 ans. Invité pour une longue résidence à la Galerie Séquence, il lui semblait à propos de se servir de ces semaines pour faire quelque chose qui ressemble à une récapitulation de ses 10 années de pratique artistique, ou à tout le moins pour réfléchir sur l’évolution de sa création. Ce questionnement aboutit à l’exposition Mon régime, présentée à la galerie jusqu’au 4 mars.
L’ensemble du projet a donc été entièrement conçu sur place, dans une approche in situ habituelle à l’artiste. L’entrée surprendra peut-être les habitués de la galerie. Au centre de la première salle, les fauteuils de la réception ont été disposés sur un tapis rouge vif, autour d’un présentoir contenant de fausses publications entièrement vierges. "Je voulais absolument travailler avec le fait que le centre donne sur la rue principale, raconte Martin Dufrasne. J’ai pensé créer une pièce accueillante. Paradoxalement, le poste d’accueil habituel peut avoir quelque chose d’assez angoissant quand on entre dans la galerie pour la première fois."
Au mur de l’entrée, les premiers mots d’une phrase qui se déploie, mot à mot, au fil de l’exposition. Un texte qui pourrait servir, si on le veut, d’exergue à une des lectures possibles du régime Martin Dufrasne. Chacun des mots et chaque signe de ponctuation de la phrase est collé à un exposant le renvoyant à un texte d’où il a été extrait. "Un peu comme une note de bas de page, explique l’artiste. Je force le sens, en quelque sorte, je vampirise la pensée de quelqu’un d’autre, comme si je voulais porter toute la charge intellectuelle de l’œuvre citée. Qu’est-ce qu’un trait d’union, lorsqu’il est tiré d’un texte de Guy Debord?"
La deuxième salle est occupée par un lit posé sur une plate-forme reliée à un amoncellement de trucs. On pourrait dire un bloc de bric-à-brac. "Ce sont des fragments d’œuvres antérieures, des objets de mon atelier", dira l’artiste. Une accumulation condensée de 10 ans de pratique en art, mise en place dans une esthétique convoquant le kitsch de Kundera.
D’ailleurs, on le conçoit assez facilement, le questionnement de l’artiste sur sa pratique personnelle l’a mené logiquement à réfléchir au langage artistique en général, qu’il rapproche en plusieurs points du langage politique. Le terme régime pourrait être aussi considéré, naturellement, en ce sens, confirme l’artiste. Coiffées de slogans propagandistes, les aquarelles de la dernière salle font un clin d’œil à cette affinité.
Dix ans de recherche artistique portent loin les nombreuses réflexions qui entremêlent et tissent des liens entre de multiples couches de sens. Pas léger, le régime, mais on s’en délecte et on le digère longtemps.
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VITE EN VRAC
Langage Plus vernit ce vendredi 25 février à 17 h l’exposition Par Être, phase II de Claude Lamarche-2/NPC. Par des œuvres numériques et vidéo et par l’utilisation de l’autoportrait, l’artiste tente de dévoiler – de laisser paraître – un réel habitant et transcendant l’humain, mais coupé de celui-ci par les impératifs de la vie en société dans laquelle ce qui paraît n’est souvent pas ce qui est. Jusqu’au 20 mars; on s’en reparle.
Le Festival Du coq à l’art, présentant les œuvres des finissants en arts de l’UQAC, se termine ce vendredi 25 février, mais les œuvres exposées au Centre d’artistes Espace virtuel et au Centre des arts et de la culture peuvent encore être admirées. À Espace virtuel, Véronique Côté expose Corps réels imaginaires, Sabrina Ruiz Bourassa propose son œuvre Le Revers et Carine Boucher expérimente le 2D et le 3D par la peinture. Jusqu’au 13 mars.
Jusqu’au 17 mars, au Centre des arts et de la culture, on peut voir Moi, expressif-créatif? de Jean-François Vachon, corps étranger de Sarah Beauseigle ainsi que les œuvres d’Isabelle Lapointe (installation) et de Julien Boily (peinture).
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