Cynthia Girard : Bois mal traité
Arts visuels

Cynthia Girard : Bois mal traité

Cynthia Girard poursuit sa réflexion sur les mythes et stéréotypes du Québec. Au Musée d’art contemporain, elle s’interroge sur notre vision de la forêt. Décevant.

La peintre Cynthia Girard reconsidère les mythes anciens et contemporains. Depuis qu’elle a achevé des études à la prestigieuse Goldsmiths College de Londres, Girard a proposé à Montréal une série d’expos qui tente de réfléchir un certain nombre de lieux communs. Plusieurs thèmes y passèrent, dont celui de la masculinité dans une très intéressante expo (Clyde) à la Galerie Montréal Télégraphe en 1999. Et puis, par la suite, durant trois ans et dans trois galeries différentes (Skol, Clark et B-312), elle nous entraîna dans une trilogie (plus ou moins réussie) sur l’imaginaire historique québécois. Voici qu’elle poursuit sa démarche au Musée d’art contemporain avec Fictions Sylvestres, réflexion sur le pouvoir d’évocation de la forêt québécoise dans notre imaginaire collectif.

La facture de l’ensemble montre combien Girard connaît l’histoire des arts, autant la peinture abstraite que la peinture figurative, le pop art et même la bande dessinée. Pourtant, le résultat déçoit et tombe vite dans le décoratif. Dans certains tableaux Girard semble vouloir nous parler de l’exploitation des forêts, entre autres dans l’acrylique L’échafaud, qui montre un billot de bois pendu, ou dans La scierie, où des billots se transforment uniquement en une montagne de copeaux. Mais sa peinture en reste à un niveau illustratif et n’est pas assez efficace dans son dispositif. La coupe du bois y semble presque amusante… Il suffit de se rappeler comment le trio BGL (Jasmin Bilodeau, Sébastien Giguère, Nicolas Laverdière), en 2001, dans la même salle, dans leur expo À l’abri des arbres, avait traité de ce même sujet de la déforestation, pour voir l’ampleur des limites du travail de Girard.

Programmer le travail de Cynthia Girard en même temps que celui de William Kentridge et Michel Goulet, deux grosses rétrospectives, n’est pas la meilleure chose que pouvait faire le MAC. Le travail de Girard aurait certainement été mieux servi en le montrant dans une expo plus large sur la jeune peinture au Québec où ses qualités (et ses défauts) auraient été mis en contexte.

Jusqu’au 24 avril
Au Musée d’art contemporain

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