Art actuel : L’art contemporain manifeste
À Québec, l’art actuel s’expose et propose ses expérimentations dans un réseau réputé de centres d’artistes. Il loge régulièrement au Musée national des beaux-arts du Québec et sa fulgurante présence culmine pendant la Biennale internationale d’art actuel.
Les arts visuels, qu’on appelait d’ailleurs il n’y a pas si longtemps encore les "beaux-arts", apparaissent plus souvent qu’autrement destinés aux seuls spécialistes et semblent souvent l’apanage de quelques initiés. En effet, l’art contemporain est souvent perçu comme un monde d’incompréhension. Et il l’est parfois, il faut l’avouer! Mais si une culture musicale se construit à coups de disques écoutés et de sorties aux concerts, il ne peut en être autrement pour les arts visuels: il faut en effet avoir fréquenté la peinture pour savoir l’apprécier. Si le goût pour le bon vin se développe, c’est la même chose quand il s’agit d’art contemporain, cet art dont les formes mouvantes et souvent inédites troublent et provoquent.
Au moment où ne cesse de croître le nombre de biennales d’art contemporain célébrant l’art actuel, l’inaccessibilité de l’art contemporain semble de moins en moins à l’ordre du jour. Comme toute ville digne de ce nom, Québec peut être fier d’avoir désormais une biennale d’art actuel qui semble là pour rester. La Manif d’art apparaît d’ailleurs l’occasion idéale pour entrer en contact avec l’art qui se fait ici et ailleurs, l’art à la fine pointe des recherches, les créations les plus folles et les plus improbables.
Pendant tout le mois de mai, de grandes expositions collectives, des conférences, des débats sur l’art auront lieu à Québec. Après le succès des deux dernières éditions de la Manif d’art, le directeur et fondateur de la biennale, Claude Bélanger, a de quoi être fier. "La réputation internationale de la biennale de Québec est en train de s’établir, explique-t-il. Des artistes étrangers nous contactent pour participer, mais on manque d’argent pour en faire venir certains…" En effet, Claude Bélanger et son équipe ont réussi cette année encore à mener à bout de bras cet événement, malgré les coupures, malgré un sous-financement qui n’étonnera personne. Il faut le rappeler: le phénomène des biennales d’art contemporain est mondial et, disons-le, participe de l’économie postindustrielle. Il faut bien recycler les usines qui ont fermé…
Bien que nos gouvernements ne semblent pas encore saisir tout à fait l’intérêt d’investir dans cette nouvelle économie, Claude Bélanger le répète avec pertinence: "Les biennales d’art contemporain stimulent l’économie d’une ville! Ça attire des touristes curieux et cultivés. Cela comporte une foule d’avantages intéressants et, surtout, ça donne une visibilité internationale à la ville." Il précise encore: "Les gouvernements ont de plus en plus intérêt à investir dans la culture. Chaque dollar investi va directement en salaire." Osons penser, à l’instar de Claude Bélanger qui croit manifestement que tout est possible, que le gouvernement en place réagira avant qu’il ne soit trop tard…