Outils pour la relève : La vie d’artiste: mode d’emploi
Qu’un artiste soit autodidacte ou qu’il ait étudié à l’université, il doit trouver lui-même sa place dans le monde de l’art. Tous les chemins mènent à Rome.
Le mythe du peintre incompris qu’un collectionneur de tableaux découvre un beau jour tapi dans une mansarde s’est passablement étiolé pendant le XXe siècle. Les artistes sont devenus théoriciens, ils font des maîtrises, ils élaborent des concepts et passent plus de temps à remplir des demandes de subvention qu’à faire la vie de bohème dans le Vieux-Québec. Le jeune artiste reste un rêveur, mais un rêveur stratégique qui doit articuler une démarche et comprendre ce qu’il est en train de faire.
Quand quelqu’un décide de consacrer sa vie à la création, il ne devrait pas y avoir d’autres considérations qui puissent l’empêcher de s’épanouir pleinement. Les plus talentueux y parviendront peut-être plus aisément, les plus persévérants persisteront en dépit de la précarité économique associée à la vie d’artiste. D’ailleurs, c’est pour remédier à cela qu’existent les différents programmes de soutien aux artistes des gouvernements afin de permettre la recherche et la création libres des contraintes économiques et des seules lois du marché. Le soutien financier aux artistes en arts visuels est donc essentiel. Mais cela, même une ministre de la Culture devrait le savoir…
Il serait inutile de se raconter des histoires, ici. Exposer dans les cafés et les bars ne fait qu’un temps pour un artiste, quoique cela demeure une porte d’entrée respectable. Pour qui veut mener une carrière professionnelle, il faudra vite passer à autre chose. Exposer dans des galeries (Rouje, par exemple) fait déjà plus sérieux. D’autres possibilités s’offrent toutefois à la relève: le réseau des centres d’artistes autogérés fondé dans les années 1970 et 1980, comme le Lieu, la Chambre blanche et tous les organismes de la Coopérative Méduse. Ces lieux ont le mandat d’ouvrir leurs espaces de production et de diffusion à la relève. Y entrer n’est certes pas facile, mais il faut le rappeler: ces organisations ont été créées par et pour les artistes. Investissez-les.
Enfin, permettez-moi de considérer quelques autres aspects aussi essentiels que celui de la diffusion. L’art ne se réduit pas au seul système de consommation (où des œuvres se vendent et s’achètent), mais fait aussi partie d’un système de communication où l’œuvre doit parvenir à occuper une place. Il faut qu’on en parle! Bref, outre ces considérations techniques et bien avant toutes les stratégies et les sujets du succès, de l’argent ou de l’effet d’un écho dans les médias, ce qui demeure fondamental, et sans doute un des plus beaux lieux communs sur la création, c’est quand même ce désir profond, presque mystérieux, ce besoin impératif, sans lequel rien ne peut advenir…