Dieu, le tsar et la révolution : Back in the U.S.S.R.
Dieu, le tsar et la révolution est à voir absolument. Rencontre avec une Russie fascinante et émouvante et plus de 200 objets provenant du Musée national d’histoire de Moscou.
J’en ai vu des tableaux de Kandinski et de Malevitch, mais je n’avais jamais vu l’art industriel qu’ont produit les artistes de l’avant-garde russe et soviétique: il n’y avait que le Musée de la civilisation pour nous présenter des tasses de porcelaine aux motifs de roues d’engrenage, des assiettes aux slogans révolutionnaires. C’était en 1920… Trois ans après la révolution d’Octobre qui renversait le régime tsariste. Depuis, il y a eu le stalinisme, la chute du mur de Berlin et la suite de l’histoire, que l’on connaît et que tait toutefois cette exposition. Cette dernière demeure cependant une occasion des plus rares d’apprécier des textiles conçus à la gloire de la production industrielle inspirée des formes schématiques du constructivisme russe. Comme l’explique avec éloquence Alexandre Sadetsky, consultant scientifique au Musée de la civilisation, "les artistes de l’avant-garde russe ne voulaient plus opposer esthétique et éthique, ils souhaitaient effacer la séparation existant entre le quotidien et l’artistique". Plusieurs objets utilitaires incarnent parfaitement cette idée; des dizaines d’autres rappellent l’opulence de la vie des tsars: tous témoignent de l’imaginaire russe.
Dieu et la religion sont abordés au moyen de plusieurs icônes des XVe et XVIIe siècles, des détrempes sur bois qui ont plus qu’une valeur historique et esthétique. On retrouve autant d’intensité dans les vêtements traditionnels des paysans, comme un superbe sarafan du XIXe siècle dont la longue rangée de boutons "véhicule l’idée de la patience", pour reprendre encore les mots de Sadetsky. Une vertu d’un autre temps, à laquelle il est bon de songer un moment. Même déférence devant de très beaux samovars (des théières typiquement russes) et l’ensemble des objets, embrassant 1000 ans d’histoire. On y apprend mille choses et cela ranime aussi mille projets: pendre le Transsibérien, boire une vodka qui rapprocherait de l’âme russe, faire la révolution, relire Anna Karénine et incarner, le temps d’une chanson, cette guide de la place Rouge que chante Aznavour…
Jusqu’au 5 mars 2006
Au Musée de la civilisation
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BLOC-NOTES
Ours dansant de Qiatsuq Shaa. Photo: Paul Dionne |
Au Musée national des beaux-arts du Québec: art et transaction
C’est une ministre de la Culture fière et pleine de bonne foi qui annonçait, le 6 avril dernier, la transaction conclue entre le collectionneur d’art inuit Raymond Brousseau et le Musée national. La collection de 2635 œuvres constitue l’acquisition la plus importante de l’histoire du Musée. L’achat a été fait en collaboration avec Hydro-Québec. Cela n’a pas été sans soulever quelques controverses. On voudrait dire, avec le maire de Québec, qu’il s’agit là d’un juste retour des choses pour les Inuits, la société d’État ayant abondamment bénéficié des ressources du Nord-du-Québec, mais la situation est sans doute plus complexe… Une chose est sûre: par-delà la conjoncture politique et les intérêts économiques, cette acquisition permettra de diffuser, de conserver et de transmettre la mythologie, les légendes et les croyances millénaires que l’art inuit véhicule. C’est là un rôle précieux dans un monde qui change aussi pour les Inuits. La salle permanente consacrée à cette collection sera inaugurée le 7 juin 2006.