Kathleen Verret : Sous le chapiteau
Arts visuels

Kathleen Verret : Sous le chapiteau

Dialogue incarné de Kathleen Verret, chez Rouje, est une des plus belles occupations de la galerie de la rue Saint-Joseph à ce jour. Dessiner dans l’espace, respirer la couleur et parler  d’art.

C’est dans la joie que l’on déambule dans cette forêt d’intentions. Un bonheur suscité par les formes amies disposées dans l’espace. Des figures bleues, vertes ou noires: toutes debout. Mille fois sablées, attentivement brossées de pigments profonds, longuement travaillées. Des formes évocatrices, à la fois anthropomorphes et végétales; mais surtout de la matière, du volume et de la couleur. Des sculptures accompagnées de panneaux de bois peints avec lesquels elles entretiennent des conversations en catimini patiemment élaborées par Kathleen Verret, qui offre avec cette production le résultat de ses recherches de deuxième cycle en création à l’Université Laval. L’artiste entame et poursuit, avec cette exposition et quelques autres qui suivront bientôt en septembre à la Galerie des arts visuels et en 2006 au Gesù à Montréal, une deuxième carrière. Dans sa première vie, Kathleen Verret était ingénieure électrique. Ce qui l’a fait changer de voie? "Après la naissance de ma troisième fille, j’avais envie de créer des choses, de créer de mes mains. Je me suis mise à dessiner, à peindre […]. J’ai tellement travaillé avant que je n’avais pas eu le temps de m’arrêter. Aller vers l’art, c’est d’abord aller vers soi…"

Il se pourrait bien que ce dialogue qu’entretiennent les sculptures et ces panneaux de bois peints de Kathleen Verret porte sur la peinture. Il se poursuit jusque dans nos pages. Pour vous qui êtes avides de sensations fortes et de réflexions profondes sur l’art, voici en aparté les commentaires de mes deux mentors préférés, comme deux facettes de moi-même. Ce sont les mots de deux artistes aguerris dont il me plaît de rapporter régulièrement les paroles ici. Marcel Jean me lançait récemment avec la conviction d’un peintre: "La peinture n’est pas une profession, c’est une aventure intellectuelle!" À cette mise au point éloquente, je me permets d’accoler, en guise de commentaire radicalement opposé, une boutade de Richard Martel, qui parle trop rarement de peinture et l’on comprendra pourquoi: "La peinture est finie depuis Pompéi!" Force est de conclure qu’aimer fréquenter l’art, c’est aussi aimer en parler…

Jusqu’au 24 avril
Chez Rouje

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BLOC-NOTES

BEN

En grand critique d’art, il affirmait: "L’art, c’est les autres!" À ne pas manquer, en avant-première à la Manif d’art, l’inauguration de l’exposition des élucubrations récentes de l’artiste à l’âge vénérable. Son passage à Québec est un événement. Rendez-vous, le jeudi 21 avril à 17 h 30, à la Bibliothèque Gabrielle-Roy. Ben est un des gros noms de la Manif d’art, un monument de l’art français, un célèbre artiste Fluxus, un maître du cynisme, thème de la troisième édition de la Manif d’art, qui nous promet un mois de mai mouvementé. Allez à ben-vautier.com.

CHEZ VU

Sadegh Tirafkan expose une série d’impressions à jet d’encre. L’artiste d’origine iranienne travaille sur la condition masculine d’un point de vue d’exilé de Toronto. Dans ses images, ce n’est pas tant le propos sur la condition de l’homme homosexuel ou la mise en scène de figures de guerriers et de lutteurs que la facture des impressions qui nous semble un enjeu. On reste en effet interdit devant les impressions numériques sur papier plastifié (fades et sans effet) que l’artiste trimbale et expose un peu partout dans le monde. Il a d’ailleurs eu l’honnêteté de préciser que lorsqu’il vend une photographie, il imprime alors l’image selon le procédé de photographie classique, question d’avoir un rendu de qualité. On peut se demander, alors, ce qui est offert au spectateur, et à quoi sert au juste une exposition. À faire connaître un nom, un style, une marque? À défendre une idée ou à nous faire vivre une expérience esthétique? Poser les questions, c’est y répondre.

JEAN-PIERRE MORIN LIVRE UNE GRANDE SCULPTURE

C’est un homme au sommet de sa carrière qui termine une des œuvres les plus prestigieuses d’art public des dernières années: Jean-Pierre Morin est l’auteur d’une des trois œuvres d’intégration à l’architecture de la Grande Bibliothèque du Québec. Le principe même suppose que l’objet pourrait occuper tout l’univers. C’est une sculpture en expansion! Au moment d’écrire ces lignes, la structure aux dizaines de mètres de tuyaux d’aluminium soudés quittait l’atelier de Limoilou pour rejoindre son socle au coin de la rue Berri et du boulevard De Maisonneuve, à Montréal. Sans attendre, Jean-Pierre Morin reviendra travailler avec ses trois assistants pour mettre en chantier deux autres projets publics et quelques importantes commandes privées.