GUY BLACKBURN – SANS SILENCE (LA FAMILLE) : Notes arts visuels
Dans la première salle, une seule grande installation épurée. De longs objets effilés, formés de lattes de bois recourbées, sont mis en serre – on reconnaît des skis, un harpon. Ils forment Examen du silence, une œuvre quasi contemplative. Un peu comme regarder une fleur fleurir: le bois, en serre, est en train de subir une lente transformation qu’on ne peut qu’observer méditativement.
C’est peut-être pour mieux se préparer à la charge émotive de la deuxième salle dans laquelle Guy Blackburn s’exprime sur sa famille avec des œuvres percutantes. La salle est aménagée tel un parcours où l’on circule d’une œuvre à l’autre, absorbant l’information, faisant des rapprochements et tentant de digérer la lourdeur de sens de chacune des pièces, réunies en quelques sorte par l’immense photo de famille Les Porteurs d’exception, sur le mur du fond. Le visiteur se sent, en effet, au milieu d’une réunion de famille qui n’est pas la sienne. On a l’impression qu’on montre là quelque chose qui devrait nous rester caché, non-dit. Chaque installation ou montage photographique lève le voile sur des parcelles d’intimité familiale, les exposant dans une lumière telle qu’il n’y a pas de cachette possible, dans la fragilité la plus crue. Mais, malgré la charge des images, toujours on perçoit une tendresse, planant dessus chaque œuvre, même les plus provocatrices.
La dernière salle soulève aussi des questions d’identité, mais collectives et plus politiques cette fois, avec La Baguette de l’industriel et le Petit Cirque de l’ouvrier, une visite du jeu de la carotte et du bâton.
À voir jusqu’au 22 mai.