Les maisons de la culture : Temps présent
Arts visuels

Les maisons de la culture : Temps présent

Les maisons de la culture ont une riche programmation d’artistes contemporains. Marie-Josée Roy, Bertrand R. Pitt, Nathalie Maranda, Pier Chartrand… Visite guidée.

Ces jours-ci, les maisons de la culture nous offrent une importante série d’expos. À la Maison de la culture Frontenac, l’installation de Pier Chartrand et Nathalie Maranda, Le cantique des créatures, est à voir. Même si le dispositif central, avec toute une série de fils suspendus, a souvent été utilisé (peut-être trop), il n’empêche que l’ensemble est très efficace et que les dessins de Chartrand sont saisissants. Dans cette réflexion sur la disparition des espèces, les dessins de Chartrand, où il nous montre des animaux morts suspendus parfois la tête à l’envers, ramènent l’animal à sa matérialité bien concrète. Dans nos sociétés, trop souvent, les animaux morts que nous consommons ou exploitons, deviennent des identités presque abstraites et nous sont présentés, pour consommation, comme des formes géométriques: tranches de jambons parfois rectangulaires, hamburgers circulaires, saucisses cylindriques…

L’IMAGE ET LA GRÂCE

Il faut aussi aller voir l’installation vidéo Rémanences de Bertrand R. Pitt à la Maison de la culture du Plateau-Mont-Royal. Pitt poursuit, depuis une dizaine d’années, une sérieuse réflexion sur l’image. Par exemple, il y a un an, à la Galerie Plein Sud, il réalisait une installation (Tumultes) qui traitait du pouvoir d’illusion des images et des sons.

Son diptyque vidéo Rémanences parle des images comme outils pour le souvenir, comme ayant de liens avec la mort et la vie. Des photos de son père y côtoient des images de lui-même en train de découper de vieux clichés scannés et une échographie de son bébé. Voilà bien sûr un sujet souvent discuté. Cela fait penser à l’installation vidéo Heaven and Earth de Bill Viola, diptyque vidéo où la mort de la mère de l’artiste côtoyait la naissance de son fils. Mais il y a des sujets qui sont plutôt incontournables. Et dans l’installation vidéo de Pitt se trouvent quelques moments de grâce. Les moments où le scanner photo est montré en train de balayer l’image en créant un flux lumineux coloré, fait partie de ceux-là. Dans ce vidéo où la mort et la naissance se rencontrent, ces flux lumineux ont un je-ne-sais-quoi de surnaturel.

MONTRÉAL, LA REVENDICATRICE?

Toujours à la Maison de la culture du Plateau-Mont-Royal, il faudra s’arrêter pour examiner les photos de Marie-Josée Roy qui traitent de notre droit à manifester.

Je ne suis pas de ceux qui maugréent lorsqu’il y a des grèves ou des manifestations qui paralysent ou ralentissent les activités de nos journées. Bien au contraire, il faut avoir un à priori positif envers ceux qui rouspètent dans une société contemporaine où on se tait trop souvent. Et puis, côté manifs, on est encore bien sage à Montréal et au Québec (pensons à la France), et ce, malgré les cris de stupeur de certains devant les très rares dérapages lors de la grève des étudiants. Mais que voulez-vous, il y a une étrange logique dans le monde contemporain qui veut que l’on soit plus choqué lorsque des biens matériels sont abîmés que lorsque la vie d’individus est bouleversée… Dans son expo, Marie-Josée Roy nous permet de revenir sur plusieurs moments forts de la contestation montréalaise.

Dans Montréal en mouvement, vous verrez des gens manifestant contre la peine de mort, contre l’organisation mondiale du commerce ou contre le renvoi de dizaines de réfugiés palestiniens qui ont dû repartir avec leurs enfants, pourtant nés ici, pour aller "vivre dans les camps de réfugiés en territoires occupés". Il y a dans ces photos des rencontres judicieuses, telle cette image de femmes contre l’avortement, montrant une dévote avec son chapelet et qui tient une pancarte où elle explique en quoi l’adoption est une alternative à l’avortement. Elle voisine cette photo des représentants des Orphelins de Duplessis (pour la plupart tristement abandonnés par ce que l’on nommait à l’époque des "filles-mères"), orphelins qui furent confiés aux bons soins de l’Église catholique…

Vous pouvez aussi voir ces photos sur le site Internet www.roymaj.com.

Jusqu’au 7 mai
Aux maisons de la culture Frontenac et Plateau-Mont-Royal

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