Manif d’art : Vivre la vie!
La Manif d’art, c’est l’aventure où on l’attend le moins, disséminée dans la ville, au coeur du Mail Saint-Roch. L’art n’a peut-être jamais été aussi proche du réel.
Il faut le dire tout de suite: c’est la meilleure édition de la Manif d’art de Québec. Il s’y passe là quelque chose d’unique et je vous recommande chaudement de visiter la grande exposition collective dont l’espace d’exposition est situé aux Façades de la Gare, juste en face du supermarché Metro dans le Mail Saint-Roch. Une exposition d’art actuel voisinant un supermarché? Cela n’a rien d’anodin. S’y rendre est déjà une expérience! Réjouissons-nous: on est loin d’être dans un musée et l’exposition a l’envergure des grands événements en art contemporain. L’art qui y est présenté est franc, lisible, touchant, complètement connecté sur le monde et sur la vie. D’une grande lucidité, surtout. C’est surtout un art qui n’a pas du tout l’intention de doubler le réel, mais qui nous le montre du doigt, en pointe le potentiel esthétique, ludique, parfois dérisoire. Il y a une forte présence de vidéos dans cette exposition. La Salle Télé-Québec en projette sans arrêt. Çà et là dans l’exposition, des projections permettent de se faire une bonne idée de ce qui se produit de mieux en vidéo. Nos préférés? Les bandes de Patrice Duhamel, de Michel De Brouin et de Gwenaël Bélanger (qui expose aussi une superbe photo).
Avec sa cinquantaine d’œuvres, de "manœuvres" et autres infiltrations dans le réel, cette exposition porte la signature du commissaire Patrice Loubier. Et le choix des œuvres, qu’il a fait avec le co-commissaire André-Louis Paré, est excellent et confère une envergure internationale à l’événement.
Il faut signaler enfin la présence troublante de Christian Messier dans la grande exposition. Tapi derrière une cimaise, le jeune performeur aura passé 14 jours et autant de nuits reclus dans une étroite pièce où il s’est volontairement installé en guise d’action artistique. Depuis le 30 avril, un petit monticule d’écales d’arachides s’accumule, témoin d’une des activités principales de l’artiste, dont l’action se terminera ce samedi 14 mai. Il sortira de sa tanière à l’ouverture de la salle, c’est-à-dire vers midi. Il y aura du monde pour l’accueillir. Peut-être y serez-vous.
Le cœur de la Manif d’art, c’est l’exposition collective autour de laquelle gravitent les centres d’artistes de la ville. À la Chambre blanche se déroule un événement hors du commun: Residence Story – The Artist, the Survivor, où l’art se situe dans l’expérience même. Un collectif d’artistes s’est prêté au jeu et chacun travaille dans l’espace de la galerie comme il le ferait dans son atelier. Le public est invité à voter pour l’œuvre qu’il préfère… Si une petite "révolution" n’a pas lieu d’ici le 12 juin, vous pourrez les voir et voter en allant sur le site www.chambreblanche.qc.ca, où des webcams diffusent des images de l’atelier en direct. Il est évidemment toujours possible de se rendre sur place. Enfin, au moment où vous lisez ces lignes, deux artistes ont déjà été éliminés… Tout cela est sociologiquement très intéressant, peut-être davantage d’ailleurs que les œuvres elles-mêmes, quoique cela change chaque jour. Et l’on peut avoir bien des surprises… Une chose est sûre: les Amélie-Laurence Fortin, Paule Genest, Josée Landry-Sirois, Félix Leblanc, Julie Théberge et Mathieu Valade se sont fait prendre au jeu. À l’instar de Loft Story et autres shows du genre, des alliances se font et se défont. Pour tout dire, lors de notre passage, la révolte grondait: des participantes voulaient changer les règles du jeu, abolir le vote… La Chambre blanche se montre comme elle a toujours été: un véritable laboratoire.
Jusqu’au 12 juin
Aux Façades de la Gare
ooo
BLOC-NOTES
Visite du Bonhomme Manif
La critique gronde aussi rue du Pont. La Manif d’art se prendrait pour un carnaval! Les commissaires volent la vedette aux artistes! Bien des critiques possibles et impossibles sur la Manif d’art pourraient bien émerger du côté de cette petite artère. Il risque surtout de s’y dérouler une soirée mémorable, le vendredi 13 mai à partir de 17 h. Le Lieu inaugure une exposition archivistique documentant tout le processus de participation du centre d’artistes avec l’organisation de la Manif: des lettres, des photos et un peu plus.
Oeuvres récentes de Marius Dubois
La réputation du peintre n’est plus à faire. Marius Dubois peint comme cela ne se fait plus. On ne peut que s’incliner devant le métier rare de ce peintre et sa façon unique de faire de l’art. D’autant que ses expositions sont rares, il faut voir celle-là: Le Portique des illuminations. Jusqu’au 20 mai à la Bibliothèque Étienne-Parent de Beauport.