Le jazz : Clubs Z
Le jazz, on connaît à Montréal. Ce qui est moins connu, c’est que la métropole a vibré tout au long du 20e siècle aux rythmes issus du sud des États-Unis.
Ne vous laissez pas rebuter par le relatif manque d’objets dans cette exposition. Pour une fois, ce n’est pas une présentation conçue avant tout pour le regard, mais bien pour les oreilles. Pourquoi d’ailleurs faudrait-il qu’une exposition soit absolument faite pour les yeux? Il y a d’autres sens, non?
Au Centre d’histoire, dans le Vieux-Montréal, vous serez ravis par le parcours sonore des Folles nuits de Montréal. Nous vibrons chaque été au son du Festival de jazz, mais nous sommes souvent peu au courant de notre importante histoire musicale et de la place de cette musique dans notre culture. Il n’y a pas eu que la Bolduc pour rythmer la vie de nos aïeuls…
Vous y apprendrez quantité de renseignements de base, mais aussi des plus pointus. Cela démarre avec les définitions des différents types de jazz: swing, be-bop, hard-bop, free jazz, jazz fusion… Et, bien sûr, l’étymologie du mot y est discutée. Il viendrait de l’expression Jass music ("musique du cul", c’est-à-dire à la fois musique qui vient du bassin, mais aussi musique de la sexualité) ou peut-être des mots gism ou jasm (avec le sens encore plus sexuel de ces mots: semence et sperme) ou encore du mot français jaser, qui aurait été importé aux États-Unis par des Créoles.
Vous pourrez lire comment les années 40 furent un âge d’or pour les spectacles musicaux à Montréal. C’est alors l’époque du swing et des big bands. Toute une communauté de musiciens gagnent leur vie dans la multitude de clubs que compte notre ville: El Morocco, le Downbeat, l’Esquire Show Bar, le Savoy, le Tic Toc. L’orchestre le plus populaire était celui de Johnny Holmes, qui se produisit au Victoria Hall entre 1941 et 1951 et qui fit connaître le trompettiste Maynard Ferguson ainsi que le célébrissime Oscar Peterson, né à Montréal le 15 août 1925 dans le quartier Saint-Antoine (aujourd’hui la Petite-Bourgogne). Surnommé un temps le "Bombardier brun du boogie-woogie", il devint une vedette internationale dès 1949. Il fut "découvert" par un impresario new-yorkais, Norman Granz, qui, se rendant à l’aéroport, l’entendit dans un taxi où son chauffeur écoutait sa prestation en direct à la radio… Norman Granz ne prit pas son avion ce jour-là.
Les années 40, c’est aussi l’époque où tous les grands musiciens viennent ici, de Glenn Miller à Louis Armstrong en passant par Benny Goodman, tandis que les années 50 marqueront le déclin des bars, que le nouveau maire Drapeau, élu en 1954, surveille attentivement. Et puis ce fut l’ère de la télé, dommageable pour le cinéma, mais aussi pour les salles de spectacle. Quand le rock devint la musique de la jeunesse, dans les années 60, le jazz perdit encore du terrain.
C’est Gilles Archambault et Katie Malloch qui assurent le parcours narratif de cette exposition. Leurs voix singulières vous accompagneront dans ce circuit musical. Avec encore bien d’autres anecdotes et récits.
Jusqu’au 26 mars 2006
Au Centre d’histoire de Montréal
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