David Hoffos : L'impitoyable destin des personnages de monsieur Hoffos
Arts visuels

David Hoffos : L’impitoyable destin des personnages de monsieur Hoffos

L’installation de l’artiste David Hoffos, Scenes from the House Dream, est présentée dans le cadre de la Scène albertaine à la Galerie Saw.

Cette installation multimédia composée en trois temps rappelle la boîte de perspective de l’artiste hollandais du XVIIe siècle Samuel van Hoogstraten, dans laquelle était élaboré un dispositif de lumière et de fines couches de papier pour créer l’image tridimensionnelle d’un salon.

Au premier coup d’œil, l’installation de David Hoffos s’inscrit dans cette lignée de technologies illusionnistes qui ont marqué l’histoire de l’art. En revanche, ses dispositifs procurant un effet holographique grâce à tout un appareillage, c’est-à-dire des miroirs, des films, des vidéos, des bandes sonores, des projections de personnages et des objets miniaturisés, ne sont pas voués à la seule fin de créer une illusion optique, une mise en relief de ses compositions.

Les personnages projetés semblent donner à chacune des scènes un réalisme affecté. Ces sujets que nous voyons défiler brièvement dans un enchaînement en boucle offrent un jeu ouvert, sans dénouement, et nous incitent à demeurer là et à regarder la même séquence rejouée sans fin, comme si l’enchaînement des quelques gestes venait miner notre compréhension et notre conception du langage visuel, et laissait place à l’inconfort.

Par exemple, dans l’une des scènes, Airport Hotel, une femme boit de la vodka tout en arpentant la chambre. Si l’environnement est très détaillé, la femme ne nous dit rien sur ce qui se passe; elle a un pyjama blanc, puis une robe de chambre bleue, et boit. Le drame semble se passer ailleurs pour nous. Mais ça ne peut être que supposition, car la durée négligeable de cette séquence ne nous raconte absolument rien. Le drame se joue en nous, du moins, nous révisons peut-être notre filmographie des années 70. Il y a quelque chose qui se passe devant nos yeux figés sur cette scène imperturbable.

Plus énigmatique, dans la scène de la roulotte, l’action du personnage est considérablement réduite. Pourtant, nous réussissons à étirer l’anecdote dans ce court laps de temps. Même si l’expérience directe semble n’aller nulle part, quelque chose nous y retient résolument.

Derrière le travail de Hoffos, il y a une trame filmique liée au cinéma maison en super 8, toujours formée elle aussi de brèves séquences répétitives qui n’offrent aucun ordre logique en soi. Et pourtant, nous visionnons ces anecdotes inachevées de façon répétée, de peur que le temps efface ce que l’on peut encore y piger. Ce même flottement fataliste nous lie aux personnages dans les installations de Hoffos. Hélas! ces derniers disparaîtront inévitablement (parce que l’exposition s’achèvera).

Jusqu’au 5 juin
À la Galerie Saw

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