Mathieu Dubé et Sean Hyatt : Sortir des sentiers battus
Arts visuels

Mathieu Dubé et Sean Hyatt : Sortir des sentiers battus

Mathieu Dubé et Sean Hyatt critiquent notre société dite "civilisée" dans des lieux de diffusion artistique qui sortent de l’ordinaire. Prêts pour l’aventure?

À la Cour des arts (2, rue Daly), il faut emprunter l’ascenseur menant au sous-sol et se laisser imprégner par l’atmosphère chargée et peu rassurante de cet ancien palais de justice. Une cellule où on confinait les prévenus renferme les sculptures de Mathieu Dubé, un jeune et prometteur artiste de Hull.

Dubé fait partie de cette génération désenchantée et critique par rapport aux agissements de ses aînés. "Certains comportements humains me dérangent profondément", déclare l’artiste. Le piteux état de l’environnement, la place que nous occupons dans celui-ci et la négligence dont font preuve les leaders de nos sociétés sont autant de sujets de préoccupation qui forment la base de la réflexion du sculpteur. Anthropologue dans l’âme, il tire son inspiration de l’observation des gestes quotidiens: "J’aime m’asseoir à l’arrière de l’autobus et regarder les gens, les écouter parler du tourbillon de leur vie." Il reprend les expressions des passants, leurs tics et leurs récits puis échafaude à partir d’eux une histoire qui prendra une forme tridimensionnelle. Les personnages sont distordus, rigolos, pathétiques. Les créatures vivent leur quotidien tant bien que mal, s’assimilant au milieu dans lequel elles évoluent, un monde déchu ou en pleine mutation.

L’exposition est également accompagnée d’une trame sonore que le sculpteur a composée pour l’occasion. Un mélange de sons et de voix vient appuyer l’aspect lugubre des lieux et des sujets traités. Dubé explique qu’il a fait partie d’un groupe musical s’étant produit dans la région pendant plusieurs années, son instrument de prédilection étant le didjeridou. L’exposition se déroule du 26 mai au 19 juin, les vendredis, samedis et dimanches, de 13 h à 17 h. Pour plus d’info: www.mathieudube.com.

Le peintre Sean Hyatt désire promouvoir le corps et la sexualité de manière saine et positive.

Dans une autre veine, Sean Hyatt partage ses conceptions de la sexualité et de la violence dans notre société dite "civilisée". L’exposition en deux temps se déroule à des emplacements on ne peut plus distincts: une église alternative et une boutique érotique!

L’exposition Art of War a lieu au 2, rue Monk, à l’Église Ecclesiax, lieu de prière résolument contemporain et intégrant la jeunesse (www.ecclesiax.com). Hyatt analyse les images des médias et les réactualise en utilisant une imagerie parfois influencée par les comics books ou le pop art. On note plusieurs techniques et styles chez cet artiste qui ne souhaite pas être confiné dans un seul mode d’expression, car, selon lui, c’est plutôt le sujet qui appelle la façon d’élaborer un tableau. Dans la foulée du 11 septembre, l’artiste remet en cause les idéologies de la guerre et l’attitude des pays imposant leurs valeurs de façon militaire.

À la boutique érotique Love & Romance (204, rue Rideau), ce sont les bulles flottant aux quatre vents qui invitent les passants à pénétrer à l’intérieur d’un lieu éclectique où se côtoient articles érotiques et salon de thé spécialisé dans les bubble teas taiwanais. Le peintre désire promouvoir le corps et la sexualité de manière saine et positive. Les toiles représentent des corps épanouis, nus ou en extase, sans fausse pudeur. L’humour fait aussi partie de la démarche de l’artiste, qui rend même un petit hommage au kitsch avec des œuvres peintes sur velours noir!

Mathieu Dubé
Jusqu’au 19 juin
À la Cour des arts

Sean Hyatt
Jusqu’à la fin mai
À l’Église Ecclesiax et à Love & Romance

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