Au musée Pointe-à-Callière : Les métis gaulois
Au musée Pointe-à-Callière, une exposition retrace l’histoire d’un mélange culturel. Y est à l’honneur la Gaule romaine du Ier au IIIe siècle. Choc des cultures.
La conquête de la Gaule par les Romains (les Américains de l’Antiquité) fit 300 000 morts et plus de 500 000 esclaves. Jules César mit près de 10 ans pour venir à bout de la résistance des 60 peuples celtes qui occupaient la région et, lorsqu’il acheva sa campagne militaire, il laissa un pays exsangue. En 52 avant Jésus-Christ, toute la région des Pyrénées au Rhin fut finalement annexée. La Gaule devint alors le lieu d’une rencontre culturelle majeure qui toucha tous les aspects de la vie. Cette rencontre a laissé des traces et un héritage encore évidents. Par exemple, la ville de Lyon (Lugdunum), qui devint la capitale administrative de la Gaule romaine, fut fondée en 43 avant notre ère par le gouverneur Lucius Munatius Plancus.
C’est d’ailleurs de la région de Lyon, des musées gallo-romains de Lyon-Fourvière et de Saint-Romain-en-Gal/Vienne, ainsi que du musée de Vienne en France, que provient l’exposition Rencontres en Gaule romaine présentée ces jours-ci au musée Pointe-à-Callière. Vous y verrez comment la civilisation romaine laissa son empreinte même dans les plus banales activités quotidiennes. Comme vous pourrez le lire sur les panneaux explicatifs, on passa, par exemple, de la nourriture bouillie à la nourriture frite ou grillée. Cette intégration des deux cultures se fit sur plusieurs siècles (la domination romaine dura plus de 400 ans) et donna lieu à des débats importants sur le statut social et politique des Gaulois dans l’Empire romain. La Table claudienne en bronze, découverte en 1528, artefact imposant (dont le fragment présenté mesure 1,93 mètre de large sur 1,39 mètre de haut), monument textuel, transcription d’un célèbre discours de l’empereur Claude, en est un bel exemple. Dans ce texte, qui date de 48 de notre ère, Claude (que le hasard fit naître à Lyon), demande au Sénat que les Gaulois accèdent enfin aux magistratures romaines.
Cette présentation saura susciter des questions intéressantes. En la visitant, vous réaliserez comment il n’y pas de culture pure, qu’il n’y a que des cultures métissées. Mais ne faisons pas trop vite une apologie du métissage comme solution absolue aux chocs culturels. C’est bien sûr la culture des dominants, des plus puissants, qui dicte majoritairement sa loi à la culture des dominés qui, eux, se trouvent du coup à être acculturés. Un exemple amusant: après la conquête romaine, les riches Gaulois se firent construire des maisons à la romaine avec de grandes pièces bien difficiles à chauffer et qui ne correspondaient pas du tout au climat plus froid de la Gaule.
Voici une expo très didactique et que vous devriez visiter avec un guide (ils sont disponibles seulement la fin de semaine). Lors de ma visite, les conservateurs français de l’exposition ont su faire revivre le contexte social et culturel associé à ces divers objets qui par eux-mêmes manquent parfois de panache. Quoique certaines mosaïques ou petites sculptures d’argent sauront certainement vous ravir.
Jusqu’au 9 octobre
Au Musée d’archéologie et d’histoire Pointe-à-Callière
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