La Bulle : In utero
Résidence, installation, performance, La Bulle est une œuvre aux multiples facettes, en forme d’expérience que vivront et partageront le couple d’artistes israéliens invité par Langage Plus, Bella Noviski et Evyatar Stern, et leurs deux enfants.
Premier travail en commun du couple, l’exposition La Bulle est née du choc (selon leur propre terme) de leurs démarches habituelles respectives. Bella Noviski s’intéresse particulièrement aux objets comme traces humaines et à leur relation avec la vie quotidienne. Evyatar Stern pratique un art plus socialement engagé, plus politique. Il s’interroge sur la mémoire, sur les racines, en particulier celles d’Israël. L’exposition commune qu’ils ont imaginée consiste, pour les quatre membres de la famille, à vivre pendant trois jours à l’intérieur d’une bulle spacieuse dont les parois sont opaques de l’intérieur et transparentes de l’extérieur. Ils ne pourront pas voir, seulement être vus.
À l’intérieur, "on va s’occuper du passé, explique Bella. On va regarder mais aussi organiser, arranger, classer… des photos, des souvenirs". La bulle est un repli, un cocon protecteur où l’on voudrait mettre à l’abri les siens, sa famille, premier noyau de la société. "Ça touche beaucoup de monde, pense Evyatar. Après une catastrophe, souhaiter vivre dans une bulle, vouloir se couper de ce moment trop douloureux de leur vie, c’est la réaction de tellement de gens." L’espace de la bulle, c’est la tranquillité, une oasis de paix et de mémoire, une façon d’échapper à la réalité, trop souvent cruelle, du dehors.
Au dehors, justement, des montages vidéo feront voir des images représentant toute la fragilité du monde extérieur, sa dureté, son instabilité.
"Ça montre que la bulle est fragile, qu’elle peut se briser n’importe quand. Vous vous installez, vous faites des projets, vous bâtissez votre vie et dans un instant, tout peut éclater, comme une bulle de savon", remarque madame. "Mais La Bulle, ce n’est pas seulement pour opposer quotidienneté et catastrophe… Même dans la vie normale, tout le monde peut vivre dans une bulle en face des problèmes du monde", renchérit monsieur.
"La Bulle, c’est comme quand on vit la vie quotidienne et qu’il arrive quelque chose de difficile. Moi, je sais que je peux revenir à ma famille, à cette bulle où il y a des gens qui m’aiment, qui me protègent, qui me comprennent… Mais ça peut être toutes les bulles, celles de l’esprit, où l’on peut s’enfermer pour ne pas faire face au monde", continue Danielle, l’aînée des enfants. "L’essentiel de cette expérience, pour moi, réfléchit Jonathan, le cadet, c’est le fait d’être là avec la famille. C’est comme mettre un tableau dans un cadre."
La bulle est un symbole fertile, on en a discuté encore longtemps, et le public pourra le faire également puisque la famille sera reliée au reste du monde par Internet et sera très contente d’échanger par courriel avec les visiteurs: [email protected]
Les artistes seront dans leur bulle, à Langage Plus, du 9 au 11 juin. Le vernissage aura lieu le 10 juin, en présence virtuelle des artistes.
Jusqu’au 19 juin
À Langage Plus
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