Sans équivoque / Clearly : Tout feu tout flamme
SANS ÉQUIVOQUE / CLEARLY présente les œuvres des finissants 2005 de la seule école du Québec à former des maîtres verriers. Une exposition consacrée aux arts du feu et de l’air.
LE FEU PAR LE FEU
L’Espace VERRE / Centre des métiers du verre du Québec inc. a fêté il y a quelques années ses 20 ans d’existence. Ici, c’est d’abord le lieu qui surprend: une imposante construction de pierre sur trois étages – ancienne caserne de pompiers – près du pont Victoria, à côté du port de Montréal.
Là où ont vécu ceux qui combattaient le feu, travaillent maintenant ceux qui l’apprivoisent: des artistes du verre. Ils y reçoivent une formation de trois ans afin de savoir manipuler ce matériau fragile. Dès les premiers jours de la création de cette école-atelier-galerie, l’équipe en place avait clairement annoncé la position novatrice de cette dernière. Espace VERRE collabore avec le Cégep du Vieux-Montréal afin de former de véritables créateurs. C’est un lieu de travail et d’étude, de perfectionnement, d’exposition et de documentation. Il s’agit de la seule école du verre au Québec, dont seuls quelques étudiants par an obtiennent un diplôme.
L’EXPOSITION
De la galerie, par une fenêtre, une vue en plongée nous montre l’un des ateliers: des fours, des étudiants qui s’affairent dans la chaleur à manier cette matière qui se laisse difficilement apprivoiser.
Ils sont cinq artistes verriers à terminer leur formation cette année et ils ont en commun la passion quasi amoureuse de leur matériau. Bien sûr, les étudiants du Centre apprennent à créer des objets utilitaires et décoratifs avec une grande maîtrise, mais dans cette expo, la fascination naît de l’étonnement face à des formes insoupçonnées. Le verre soufflé, le moulage, la gravure, le verre à froid et à chaud, le travail au chalumeau, au jet de sable, la peinture sur verre, le thermoformage et le travail sur la pâte de verre, tout y passe.
Ils sont sculptures, objets domestiques, installations, mais surtout objets de convoitise amusants et déconcertants. Notamment, Édith Durand présente La Course, quatre plaquettes en pâte de verre collées sur papier noir montrant des spermatozoïdes se pressant vers leur but. Karine Demers expose Mémoire collective, 12 pots contenant chacun un cœur de verre coulé dans le sable avec au centre des impressions sur acétate: une souris dans une roue, une petite fille embrassant une grenouille, un revolver, un miroir nous réfléchissant… Artefact, de Yanick Aubry, nous laisse entrevoir sa fascination pour les hexagones dans des structures de verre géométrico-mathématiques thermoformées dans du sable. La Mère supérieure de Julien Poirier est une bête tentaculaire suspendue au plafond, composée de mousse isolante brûlée et fondue d’où déferlent des tuyaux de plastique jouxtés à des éprouvettes contenant un liquide rouge. Les visages racontent… de Catherine Lapointe accumule une série de peintures sur verre accrochées en mosaïque, montrant des visages et des phrases comme "Si tu parlais juste un peu plus vite, ça ferait de la musique" et "Elle sourit à la vie comme un croissant aux framboises".
Parmi les étudiants de 2e année exposés ailleurs dans des vitrines, on peut admirer les bijoux à plumes de Vanessa Yanow et les bulles colorées de Caroline Brouillard, gouttes en verre soufflé travaillées au chalumeau.
MANIER LA SUBSTANCE
Fruits d’une recherche mouvante, les œuvres des artistes jouent avec succès sur la forme, la transparence, la texture et la couleur de cette matière particulièrement exigeante ne permettant pas l’erreur technique, qui coule comme de la lave opaque, devenant translucide et cassante l’instant d’après. L’Espace VERRE offre également au public des cours d’initiation les fins de semaine. www.espaceverre.qc.ca.
Jusqu’au 14 août
À l’Espace VERRE
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