Pompeii : Émouvante Pompéi
Arts visuels

Pompeii : Émouvante Pompéi

Visiter Pompeii, c’est imaginer le destin tragique d’une société sophistiquée à partir de ses objets utilitaires et de ses corps révélant tout le drame humain vécu en l’an 79 après  J.-C.

Le Musée canadien des civilisations nous a habitués à de grandes expositions d’été et Pompeii ne fait pas exception. Malgré une présentation qui n’est pas sans faille, une émotivité certaine se dégage de la contemplation d’objets utilitaires créés il y a près de 2000 ans. Une belle leçon d’humilité.                      

Et que dire des corps! Contrairement à la première impression, il n’est pas question ici de corps préservés par une coulée de boue. Il s’agit en fait de formes qui ont été coulées dans la cavité laissée par les cadavres restés emprisonnés sous l’immense couche de pierre fine qui a enseveli la région. Certains moules dévoilent clairement toute la tragédie: le corps d’une mère tentant de protéger son enfant, les nombreux squelettes empilés où l’on peut noter la main de l’un touchant l’épaule d’un autre, la jeune femme recroquevillée et tentant de se protéger la tête.

Pompéi fut fondée au VIe siècle avant J.-C. La ville comptait plus de 20 000 habitants lors de sa destruction. Elle était déjà affaiblie par un tremblement de terre ayant détruit de nombreuses demeures en 62 après J.-C. Le 24 août 79, et ce en seulement 48 heures, la ville fut ensevelie sous une couche de cendres d’une hauteur équivalente à trois étages. Ces renseignements sont contenus dans les récits de Pline le Jeune, âgé de seulement 17 ans lors de l’éruption du Vésuve. Il a décrit de manière presque scientifique l’éruption qu’il a pu voir à distance, au cap Misène. C’est en hommage à son oncle Pline l’Ancien qu’il relata les moindres détails du phénomène. Pline l’Ancien, auteur d’un livre d’histoire naturelle, avait décidé de se rendre plus près afin d’observer le phénomène à partir de son navire. Forcé d’accoster, il est resté sur la plage et est mort asphyxié.

C’est un paysan à la recherche d’un puits qui fit la découverte de pièces de marbre en 1709. Les fouilles ont débuté en 1738 de façon irrégulière et c’est en 1972 que les recherches ont pris leur élan. Une immense ville a ainsi été redécouverte, dont plusieurs bâtiments presque intacts, et une quantité impressionnante d’objets ont été extraits. La qualité d’exécution des bijoux est remarquable. Les orfèvres de l’époque maîtrisaient la taille minutieuse de nombreuses pierres telles que l’onyx, le quartz, les émeraudes, l’améthyste, sans oublier les métaux tels que l’or, l’argent, le bronze, le cuivre, et même les os. D’autres objets utilitaires sont d’intérêt: un ensemble d’outils chirurgicaux, une armure, des miroirs, des ustensiles. Quelques sculptures en marbre révèlent toute l’habileté des sculpteurs de l’époque.

Par ailleurs, l’exposition Pompeii comporte plusieurs faiblesses. Les descriptions deviennent rapidement répétitives. Ce que vous avez lu ici sur Pline le Jeune ne provient pas de l’exposition mais d’une recherche personnelle. Une trop brève allusion aux fouilles nous laisse sur notre faim. De plus, la trame sonore reconstituant une foule en fuite avec des cris d’hommes blessés ou brûlés est d’un goût douteux et est trop envahissante. L’alarme retentissant toutes les 30 secondes sans qu’on sache trop pourquoi fait sursauter et annihile toute forme de concentration.

Jusqu’au 12 septembre
Au Musée canadien des civilisations

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