À la basilique Notre-Dame : Bondieuseries
Arts visuels

À la basilique Notre-Dame : Bondieuseries

À la basilique Notre-Dame, alors qu’un nouveau pape vient d’être élu, une expo brosse le portrait de l’héritage (matériel) de la papauté.

L’Église catholique a toujours été tiraillée quant à l’usage des reliques, le culte des restes (sens étymologique du terme "relique"). Plusieurs théologiens se sont élevés contre leur trop grande ostentation qui pouvait tomber très vite, à l’évidence, dans l’idolâtrie, le fétichisme, le culte de l’objet ou du morceau de corps. Il est en effet toujours étonnant de voir certaines glorifications d’objets très banals, élevés ainsi à un statut remarquable. Cette expo sur Saint-Pierre et le Vatican, L’Héritage des papes tombe malheureusement trop souvent dans cet excès.

Il est troublant de voir une telle expo remplie d’objets d’une valeur plus matérielle que spirituelle. Pas que la présentation soit dénuée de toute qualité spirituelle ou esthétique, loin de là, mais l’amalgame d’objets ayant une signification profonde et d’artefacts anecdotiques de peu d’intérêt peut déranger.

Jugez par vous-même. Certes, on peut voir un Christ Pantocrator du 14e siècle, absolument superbe, ou bien une pièce religieuse surprenante comme ce Mandylion d’Edessa, Acheiropoietoi, image du visage du Christ qui n’aurait été peinte par aucune main humaine… Mais on y retrouve aussi une évocation de l’échafaudage de Michel-Ange avec une reproduction du plafond de la chapelle Sixtine illustrant, bien sûr, la création d’Adam (!), plusieurs copies et moulages d’œuvres (dans une expo de cette envergure, cela est choquant), la calotte du cardinal Albino Luciani (qui fut élu pape sous le nom de Jean-Paul Ier), les pantoufles du pape Paul VI (en satin rouge, soie, fil d’or et cuir), la mitre de Jean-Paul Ier et un reliquaire du pape saint Grégoire le Grand, contenant un morceau de son crâne!! Un peu plus et nous avions droit à un des reliquaires de l’ombilic ou du prépuce (appelé parfois Sainte Vertu) du Christ, comme on peut les voir dans certaines églises. L’abbaye de Conques aurait un reliquaire de cette nature offert par Charlemagne. Mais elle n’est pas la seule à prétendre détenir un morceau du corps du Christ. Au moins 15 lieux revendiquent ce digne héritage: l’abbaye de Charroux (prépuce qui fut redécouvert en 1856), l’église de Saint-Jean-de-Latran à Rome, l’abbaye de Saint-Corneille à Compiègne, la cathédrale du Puy-en-Velay… Le Christ savait multiplier plus que les pains!

Il y a maintenant près de 20 ans (en 1986), se tenait au Musée des beaux-arts un événement intitulé Splendeurs du Vatican où le niveau des œuvres d’art était supérieur.

Alors, quel bilan faire de cette exposition? Elle a tout de même une valeur historique. Le visiteur pourra par exemple suivre, grâce à des maquettes et des plans, comment la basilique Saint-Pierre de Rome fut construite sur la basilique de Constantin édifiée au 4e siècle, elle-même installée sur le lieu de l’ancien cirque de Caligula… Mais une expo sans révélation.

Jusqu’au 18 septembre
À la crypte de la basilique Notre-Dame

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