Le marché de l’art : De l’offre et de la demande
Sujet tabou s’il en est, le marché de l’art éveille toujours les passions. Le marché, c’est aussi un circuit, des réseaux. Esquisse de la fascinante histoire du peintre François Samson.
Il arrive qu’un artiste ignoré par le marché de l’art l’ignore à son tour. Plusieurs le considèrent trop moribond, pas assez dynamique. Certains y trouveront cependant leur place. Assurément, le marché de l’art est un univers hautement symbolique. Quand on pense "marché de l’art", on pense surtout à la peinture. L’expérience de plusieurs peintres montre qu’il faut être mobile. Un peintre n’appartient pas à une ville: il appartient au monde de la peinture! pourrait-on ajouter. Le marché de l’art international bouge. Aujourd’hui, presque tout se joue entre New York, Londres et Berlin. Il était à Paris avant les années 1950. Au Canada, c’est à Toronto que se trouve le marché de l’art le plus effervescent. C’est là que sont les acheteurs. Et cela fait longtemps. Comme l’explique Martine Paquet, directrice adjointe à la Galerie Madeleine Lacerte de Québec, même le peintre Jean Paul Lemieux a d’abord vendu ses œuvres à Toronto. Il existe tout de même un marché local qui n’est pas à négliger. La Galerie Madeleine Lacerte travaille avec des dizaines de collectionneurs depuis 20 ans. À Québec, des peintres parviennent à vivre de leur peinture, mais c’est parce qu’ils sont en lien avec des galeries de Montréal, de Toronto et de préférence de New York, voire, pour les ambitieux, de Londres… À cet égard, l’histoire récente du peintre François Samson a quelque chose d’absolument fascinant.
Cet ancien travailleur de la construction est devenu peintre d’une manière assez impromptue. La peinture, François Samson l’a découverte tout à fait par hasard il y a sept ans. En 1998, ce jeune travailleur de la construction a vu un tableau de Richard Mill en passant devant la Galerie Madeleine Lacerte. "Il y avait dans ce tableau une liberté que je n’avais jamais ressentie." Il est retourné le voir, le tableau. C’est presque invraisemblable, mais il s’est ensuite procuré de la peinture et a commencé à peindre. Depuis cette rencontre, la peinture est au centre de sa vie. Il a consacré beaucoup de temps à se positionner. À 33 ans, il s’est inséré dans un réseau (il y en a plusieurs possibles) qui lui permet de se consacrer totalement à la peinture. Le peintre autodidacte travaille depuis peu avec l’agence torontoise Progressive Art. L’agence est venue le chercher à la Galerie Lydia Monaro de Montréal où l’avait introduit, il y a trois ans, Robert Bernier, rédacteur en chef et fondateur de la revue d’art Parcours. François Samson prépare actuellement une exposition dans la Galerie Agora de New York et continue depuis le début de sa carrière à travailler avec la Galerie L’Harmattan de Baie-Saint-Paul, une des meilleures galeries de Charlevoix. À tout ce beau monde, François Samson doit fournir un certain nombre de tableaux chaque année. Disons qu’il est très occupé. S’il a d’abord hésité avant d’accepter de faire affaire avec une agence, il constate maintenant qu’elle lui permet de se consacrer davantage à la peinture. L’intense période de production actuelle va nécessairement transformer sa peinture et la transporter on ne sait pas encore où.