Léonard de Vinci, Michel-Ange et la Renaissance à Florence : Les maîtres de Florence
L’exposition Léonard de Vinci, Michel-Ange et la Renaissance à Florence est présentée cet été au Musée des beaux-arts du Canada (MBAC) et rassemble plus de 120 œuvres des maîtres de la Haute Renaissance italienne.
Le fil de l’exposition se tisse autour de la complexité des liens qui existent entre Léonard de Vinci, Michel-Ange et d’autres artistes de la ville de l’époque, tels que Andrea del Sarto, Jacopo Pontormo et Giorgio Vasari. Les œuvres de Léonard de Vinci, Michel-Ange et la Renaissance à Florence, maintenant vieilles d’un demi-millénaire, et dont plusieurs n’ont jamais traversé l’Atlantique auparavant, offrent une occasion unique de voir de véritables dessins, estampes, sculptures et peintures de cette grande période de fertilité du génie italien.
Il semble donc important de souligner le style propre à chacun des deux grands artistes de l’exposition. Dans l’œuvre de Léonard de Vinci, on perçoit un style plus narratif, tandis que le travail de Michel-Ange propose un style davantage idéaliste, et même froid en comparaison du premier. Cette différence est souvent mise en évidence par les historiens de l’art au moyen de compositions similaires de ces deux artistes. Dans les cartons préparatoires de la Bataille d’Anghiari, Léonard de Vinci montrait la dynamique d’une bataille où chevaux et hommes composent un récit épique. De son côté, Michel-Ange semble avoir composé la Bataille de Cascina différemment (car nous n’en connaissons que certaines copies); il choisit un moment précis, où il peut s’adonner à l’étude et à l’idéalisation du nu masculin. Ce trait caractéristique de son œuvre est encore plus visible dans ses sculptures.
Si l’exposition ne contient que deux dessins de Léonard de Vinci et un seul de Michel-Ange, on saisit aisément leur influence. Mais malgré que ces deux artistes aient été considérés comme les phares de la tradition florentine durant la Haute Renaissance, certains artistes, tels que Fra Bortolomeo et l’école de San Marco, avaient choisi de s’adonner à des compositions plus traditionnelles et strictement religieuses afin de s’éloigner d’un art trop profane à leurs yeux. Un autre artiste, Rosso Fiorentino, s’est opposé à la suprématie de Michel-Ange en allant même invectiver sa voûte au Vatican. Par contre, la majorité des artistes de Florence, à cette époque, ont choisi de s’accommoder au travail des deux maîtres ou de tenter de le surpasser.
Vierge à l’Enfant de Jacopo da Pontormo, v. 1520. Huile sur bois. Crédit: Collection particulière, New York |
En considérant l’importance du dessin pour les deux maîtres, on comprend que cette grande période florentine s’est également distinguée grâce à la pratique du dessin préparatoire et d’études. Il semble que cette forme ait été privilégiée et qu’elle ait aussi donné cours à d’innombrables copies, qui ont influencé l’art dans plusieurs autres villes étant donné sa grande capacité de propagation. Le modello, "le dessin destiné à être approuvé par le commanditaire", était un dessin bien rendu et clair. Ainsi, étant jusqu’à un certain point la dernière phase préparatoire de la composition de l’œuvre, ces dessins se sont dispersés parmi les artistes et ont été copiés, puis recopiés, et par le fait même, ont participé à l’influence des artistes de Florence.
Un autre point important soulevé dans l’exposition est la sculpture. S’il est inutile de souligner la virtuosité de Michel-Ange dans ce domaine, où son audace technique libéra le corps de la masse de pierre, l’exposition, elle, se penche plutôt sur les sculptures de terre cuite polychromées sortant de l’atelier d’autres artistes, de celui des Della Robbia notamment. En effet, pendant que nous retenons davantage les matériaux nobles tels que le bronze et le marbre dans l’histoire de l’art populaire de la Renaissance, à l’époque, le marché était considérablement plus favorable aux sculptures en terre cuite.
L’exposition vient combler un grand vide si l’on considère les collections du Canada. Par contre, Léonard de Vinci, Michel-Ange et la Renaissance à Florence aurait pu bénéficier d’une plus grande attention prêtée à la mise en contexte, c’est-à-dire à la ville de Florence, aux villas pour lesquelles étaient commandées les œuvres et aux grandes familles mécènes telles que les Médicis.
Jusqu’au 5 septembre
Au Musée des beaux-arts du Canada
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