Lieux d’initiation : La place des arts
L’art peut se faire et se montrer dans les lieux où on l’attendait le moins. Dans les marges de l’alternatif.
Il semble que le chemin qui mène le plus rapidement vers une carrière d’artiste en arts visuels soit celui de l’université ou à tout le moins des études collégiales. Ce n’est pas toujours vrai. Il existe des lieux d’apprentissage en marge du réseau scolaire officiel. Un espace comme celui de la Maison jaune, sur la rue Saint-Vallier, est en cela exemplaire. La maison fondée il y a maintenant sept ans par Nicole Thibault offre des ateliers libres d’arts plastiques. Un regroupement d’artistes pédagogues – et professionnels – y offre des cours. On y donne aussi des cours de théâtre et de danse. C’est surtout très sérieux et crédible. On y donne des classes de dessin, de peinture, de sculpture, de modèles vivants, d’huile et d’acrylique, des classes en marge du système scolaire mais néanmoins de plus en plus reconnues. Nicole Thibault se réjouit de voir chaque année des dizaines de jeunes qui avaient "décroché" de l’école réintégrer des écoles professionnelles, celles des arts visuels et de théâtre. Beaucoup de gens, en effet, vont suivre des cours à la Maison jaune pour préparer leur portfolio afin d’entrer à l’université en arts visuels, d’acquérir une expérience en danse ou de s’initier au théâtre.
Créer son propre organisme – comme créer sa propre entreprise! – reste encore une voie possible pour prendre sa place dans le monde de la culture. Fondé depuis trois ans, le collectif Les Déclencheurs est d’abord un groupe d’affinités. Il compte sept membres: des jeunes créateurs issus de différents milieux, ceux du reportage, de la photographie d’art, de la photo et de la vidéo. Ils ont en commun un intérêt pour la culture et l’engagement social. Le collectif a notamment organisé le Festival de l’indifférence; il a présenté des soirées de cinéma, de vidéos d’art et de documentaires au Tam-Tam Café et plus récemment à Rouje. Les créateurs sont toujours à la recherche d’une salle qui leur permettra de présenter des soirées de projection de films tout en faisant des activités d’autofinancement. Ils ont dès le début été soutenus et conseillés par le Lieu, centre d’artistes où ils ont d’ailleurs leurs quartiers généraux. Ils organisent des activités culturelles, toujours dans une perspective d’engagement politique et social. Et cela, c’est plutôt rare. Ça manquait dans notre paysage! Les Déclencheurs sont en lien avec les groupes communautaires les plus militants. Leurs projets d’avenir? Comme nous l’expliquait une des membres, Émilie Baillargeon: "On veut continuer à faire de la diffusion de films, on veut produire des films à l’interne." La réponse à leurs soirées de cinéma engagé est bonne. Le besoin était là. Ils présenteront le 30 juillet prochain une soirée de courts métrages à l’Îlot Fleurie. Depuis la première fleur plantée par le regretté Louis Fortier, l’Îlot Fleurie, enfoui sous des bretelles d’autoroutes – dont l’une ne mène toujours nulle part! – est le lieu de la résistance urbaine à Québec.