Séquence : Play /pose
La galerie Séquence demeure ouverte durant l’été, fournissant aux nombreux passants estivaux de la rue Racine un accès direct à l’art visuel et médiatique contemporain. Jusqu’au 7 août, les visiteurs ont rendez-vous avec les œuvres de Marisa Portolese et Bettina Hoffman.
Le jour du vernissage, le soleil chauffait l’asphalte noir de la rue. "Je n’ai pas pu les retenir!" s’excuse Gilles Sénéchal, directeur de la galerie. On les comprend, ces deux jeunes femmes, d’avoir voulu voir le beau temps dans la région. Et leurs œuvres sont là, elles, tout est bien en place. À l’entrée, ce sont des enfants qui accueillent les visiteurs: une grande – immense – photographie montrant un petit groupe d’enfants, le regard fixe, chacun vers un point différent, pas tout à fait vers nous, pas tout à fait au-delà, ni vers le haut, ni vers le bas. Ils posent, oui, mais quelle étrange scène, quel regard ambigu, voire troublant. C’est une photographie de Bettina Hoffman, artiste originaire de Berlin installée à Montréal. Si elle a beaucoup travaillé l’installation et la projection, c’est plutôt récemment qu’elle s’est mise à la photographie, au photomontage et à la vidéo. Ses œuvres tournent autour des règles implicites des relations sociales et interpersonnelles, des conventions. Au fond de la galerie, un montage vidéo – La Ronde, œuvre récente d’Hoffman – est projeté sur un écran prenant tout le mur. Trois séquences au cours desquelles la caméra tourne autour d’une scène fixe, comme si les personnages avaient été figés au milieu d’un mouvement, comme dans l’histoire de la Belle au bois dormant. Dans chacune des trois scènes, le spectateur semble surprendre un moment de vie des personnages, et tourne autour du pot pour tenter d’en apprendre plus sur cette scène à laquelle on lui donne accès. Tel détail pourrait-il apporter une explication sur ce qui était en train de se dérouler? Ce verre de vin vide? L’aspirateur oublié dans un coin? Quelque chose ne tourne pas rond, quelque chose dérange.
La salle du milieu est consacrée aux photographies de Marisa Portolese. De grands portraits côte à côte font le tour de la salle. Des hommes, des femmes, des enfants. Parfois seuls, ou deux par deux, dehors en pleine nature. Les photographies sont si nettes qu’elles en deviennent hyperréalistes, presque sculpturales. On distingue chaque petit détail, le fin ciselé d’une feuille, l’humidité du sous-bois. Paradoxalement peut-être, cette esthétique claire et nette, qu’on pourrait penser froide, invite à entrer plus avant dans l’intimité des personnages qui semblent tout à leur histoire personnelle, plongés dans leurs pensées, bien qu’ils prennent la pose. Au contraire, en quelque sorte, des œuvres de Bettina Hoffman.
Dans les deux cas, pour peu qu’on accepte d’entrer dans le jeu, la réflexion porte loin et les couches de sens s’accumulent.
Jusqu’au 7 août
À la galerie Séquence
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