Individuation : Et moi et moi et moi
Individuation, c’est l’exposition collective d’art actuel que propose Esthésio tout l’été. Artistes (très) en vue.
C’est une des plus intéressantes expositions d’art actuel à voir cet été en galerie. En affichant clairement leurs choix esthétiques, Maude Lévesque et Pascal Champoux font d’une pierre deux coups: leur galerie nous fait découvrir de très bons artistes et s’affirme comme un lieu absolument branché sur les dernières tendances en art actuel; un lieu de choix où l’on peut voir, mais aussi acquérir, des œuvres d’art contemporain. Ma découverte de la semaine, c’est la peinture de Janet Werner, une peintre québécoise qui expose à Toronto et qui aura incessamment une rétrospective au Centre Saidye-Bronfman de Montréal. Esthésio l’a repérée pour nous et l’a fait connaître au public de Québec. Janet Werner participera également au Symposium d’art actuel de Baie-Saint-Paul en août prochain. Pas étonnant que l’équipe de Chantal Boulanger ait invité cette artiste! C’est une excellente peintre, et ses deux tableaux exposés chez Esthésio sont là pour en témoigner. Deux portraits de grand format, dont un est vraiment superbe; c’est une œuvre miroir, un portrait à partir duquel pourrait s’écrire toute une histoire du portrait en peinture.
Les photographies de Marisa Portolese sont quant à elles parfaitement équivoques. Ce sont des portraits de femmes tels que les a développés l’artiste depuis quelques années: inspirés du portrait et des paysages de la peinture anglaise. Annie Baillargeon y expose également une pièce. Membre du collectif des Fermières obsédées, elle fait actuellement partie de l’exposition L’Envers des apparences au Musée d’art contemporain de Montréal et s’affirme depuis un moment avec une production solo que soutient Esthésio. Dans son travail d’autoportrait photographique, l’artiste est sans retenue obsédée par elle-même. Son entreprise de démolition et de refus de sa propre beauté n’est pas des plus faciles – elle est peut-être même un peu cruelle -, mais il reste que ces jeux névrotiques donnent des résultats qui touchent et sont appréciés.
Cette exposition est aussi l’occasion de découvrir le travail d’un sculpteur montréalais, Alain Benoit, peu connu au Québec parce qu’il a surtout travaillé en France. L’Étalon est une sculpture d’uréthane (le même plastique que celui utilisé pour les rondelles de hockey!). Il s’agit d’un homme grandeur nature ayant quelques kilos en trop; bon vivant pour les uns, obèse et malade pour les autres. Cette sculpture, Benoit l’a littéralement moulée sur son modèle préféré, avec qui il travaille depuis huit ans. Quoique nu et un peu gras, l’homme reste fier et serein. La sculpture d’Alain Benoit n’est pas sans évoquer le débordant Gargantua de Rabelais, duquel elle s’inspire d’ailleurs. Se joignent à ces œuvres deux pièces de François Morelli, un artiste aguerri et bien connu au Québec, ainsi que des éditions d’œuvres de deux artistes britanniques en vue sur la scène internationale, Tracey Emin et Steven Gontarski. Tout cela est très stimulant. Cette exposition collective montre qu’il est possible d’offrir au public et aux amateurs d’art des œuvres d’artistes qui osent sortir des sentiers battus. Des artistes qui auront fort probablement la cote demain.
Jusqu’au 21 août
Chez Esthésio
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