Arts visuels

Dans le lit, Espaces libres : Notes arts visuels

DANS LE LIT

Jusqu’au 25 juillet à la Boîte à Bleuets, puis du 1er au 31 août au Café Cambio, Jayanta Guha expose ses photos réunies sous le thème Marée basse, chant d’une rivière, qui est aussi le titre d’un poème qu’on doit lire en exergue. "J’avais des milliers de photos sur ce thème, raconte l’artiste, et j’ai ensuite écrit ce poème, qui les réunit, qui les rassemble. L’idée de départ, autant pour le poème que pour les photos, est qu’il y a dans une rivière des millions d’années, toute une vie, qu’on ne voit pas parce que l’eau recouvre tout. Mais à marée basse cette vie se dévoile et nous est donnée à voir." À travers l’objectif du photographe, on découvre des rivières d’Inde, des Maritimes, mais surtout une rivière Saguenay transfigurée: texturée, tantôt sablonneuse, tantôt satinée, scintillante, flamboyante. "C’est une question de lumière et de textures; ces textures, je ne les trouve qu’à marée basse. J’adore m’asseoir et guetter le bon moment. Ça dure l’espace d’un instant… C’est pour moi un beau défi que de trouver le moment, la situation où se trouvent réunis tous les éléments pour que je puisse recréer le tableau que j’ai dans la tête." Prises sans filtre, sans aucune retouche, en utilisant uniquement la luminosité naturelle, ces photos sont en elles-mêmes de purs poèmes. Si vous manquez l’exposition pendant qu’elle est dans la région, elle sera aussi du 28 novembre au 4 décembre à l’Academy of Fine Arts, une des plus grandes galeries d’art de Calcutta (il paraît qu’on doit maintenant dire Kolkata), en Inde.

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Les ouvres d’Espaces libres donnent à voir des instants d’une région qu’on croit connaître. Photo: Michel Tremblay /www.ifcn.ca

ESPACES LIBRES

Une autre exposition de photographies est présentée, cette fois au CNE, depuis déjà un petit bout de temps et jusqu’au 18 septembre. Espaces libres au Saguenay-Lac-Saint-Jean est une rétrospective de 20 ans de travail du photographe Alain Dumas. Sans retouche ni artifice, des paysages se déploient sur de grandes toiles suspendues dans la salle. Des paysages, saisis au moment précis où ils étaient tels, avec une netteté si éclatante qu’elle donne parfois même l’impression qu’une image 3D transperce la toile. Comme dans le cas de l’exposition Marée basse, ces œuvres donnent à voir des instants d’une région qu’on croit connaître. Mais ainsi captée, elle dévoile ses bijoux: la brillance d’un coucher de soleil scintillant sur l’onde à Saint-Gédéon, à cap Trinité, un bleu aussi profond que l’abîme au-dessus duquel veille la statue de Notre-Dame du Saguenay, le temps suspendu d’une forêt d’automne avec ses arbres dégarnis et moussus qui semblent prendre un dernier souffle avant la première neige, les montagnes d’or du lac Résimond, de grands fantômes tenant un conseil dans leur vallée, leur tête frôlant le ciel, le grain des rochers, le velours du sable… Comment résister à autant de charmes révélés? L’artiste est assurément amoureux. Mais peu jaloux, il accepte de partager.