Les Éléments de la nature : Forces vitales
L’exposition Les Éléments de la nature n’est pas la seule raison de se rendre à Shawinigan cet été. En plus du Festival de théâtre de rue, l’église Notre-Dame-de-la-Présentation souligne le 50e anniversaire du décès d’Ozias Leduc, auteur fameux des tableaux décorant le lieu de culte. Pour amateurs d’art seulement.
Quel plaisir de voir l’igloo de verres de Mario Merz! Quel bonheur de voir autant d’œuvres de Giuseppe Penone! Des marbres, des bronzes, des arbres sculptés! À l’instar des deux premières éditions, le Musée des beaux-arts du Canada propose une très belle exposition estivale à la Cité de l’énergie de Shawinigan. Quoique cette édition semble cependant plus modeste que les deux premières et qu’on puisse questionner la présence d’une collection de météorites qui tombent à plat dans le parcours des œuvres, comme on pourrait envisager les mille et une autres possibilités d’aborder ce thème ou déplorer que telle ou telle œuvre ne soit pas là, reste que c’est toujours fort plaisant de fréquenter les œuvres d’artistes qui ont fait et qui font l’histoire. Ce sont sans aucun doute celles de Giuseppe Penone qui constituent le cœur de cette exposition. On en compte plusieurs de l’artiste italien, qui a connu ses premières heures de gloire dans les années 60, alors jeune artiste du mouvement de l’Arte povera. Penone est un sculpteur de l’essentiel, taillant des arbres tel le Cèdre de Versailles (2000-2003), dont il a sculpté tout l’intérieur, ne laissant que la structure. On s’attardera aussi, ébahi, devant plusieurs imposants panneaux de bois de Paterson Ewen, qui nous invite à contempler à la fois sa peinture et la nature. Une des découvertes de cette exposition demeure les céramiques d’Ah Xian, un artiste chinois vivant en Australie, des porcelaines avec différents décors peints avec une grande virtuosité, actualisant la tradition. Il faudrait parler des œuvres de Liz Major, d’Irene Whittome: ils sont une douzaine d’artistes représentés.
Essentiel cependant de compléter cette visite par un arrêt à l’église où loge une œuvre majeure d’Ozias Leduc, qui a décoré plusieurs églises et chapelles du Québec. Une quinzaine de tableaux ornent l’église que le maître de Paul-Émile Borduas a peinte entre 1942 et 1955. Ozias Leduc a modernisé le genre. Les diverses industries locales sont représentées: les métiers du bois et de la forge côtoient les récits religieux. Bûcherons et forgerons aux physionomies contemporaines se partagent le lieu avec Joseph et Marie. La portée des grandes toiles de jute marouflé sur les murs de l’église ne sera pas épuisée en une seule visite, bonifiée par deux expositions temporaires: une, très intéressante, des dessins ayant servi à la réalisation de la décoration de l’église, ainsi qu’une autre d’un chemin de croix peint par Ozias Leduc pour une église de Saint-Hilaire, qu’un collectionneur a prêté. Enfin, tout cela permet d’apprécier la modernité de l’œuvre d’un des peintres québécois les plus importants et d’envisager la filiation entre Ozias Leduc et Borduas. De l’arrêt à l’église Notre-Dame-de-la-Présentation doublé d’une visite de l’exposition du Musée des beaux-arts du Canada, on ressort ému et un peu plus instruit sur nos rapports à l’art et à l’histoire, et encore plus enchanté de ceux avec la nature.
Les Éléments de la nature
Jusqu’au 2 octobre
À la Cité de l’énergie
Ozias Leduc: de l’étincelle à la flamme
Jusqu’au 25 septembre
À l’église Notre-Dame-de-la-Présentation