tags et graffitis : L'art de la rue revisité
Arts visuels

tags et graffitis : L’art de la rue revisité

L’exposition tags et graffitis rend hommage à une forme d’expression souvent mal aimée, mais se situant au cœur de l’identité d’une certaine jeunesse.

Au Centre d’exposition Art-image, trois artistes de la région réinterprètent une forme d’art souvent dépréciée et revendiquant ses lettres de noblesse: les graffitis et les tags.

UNE HISTOIRE TUMULTUEUSE

L’histoire du graffiti moderne s’amorce à la fin des années 60, à New York. Le jeune TAKI 183 crée la controverse et captive l’attention des médias avec ses signatures apposées dans le métro lors de ses nombreuses excursions comme livreur. Le New York Times publie un reportage concernant ce writer en 1971. Une compétitivité féroce fait alors rage et les jeunes, à l’affût de nouvelles techniques inédites, créent le bombing (peinture à l’aérosol) et les tags (signatures stylisées à la typographie variée). Plusieurs styles se développent rapidement. L’artiste PHASE2 contribue à l’essor du phénomène avec l’invention d’un lettrage rond nommé Softie et en publiant le premier zine (revue) consacré entièrement au graffiti: International Graffiti Times. Le mouvement a connu des hauts et des bas liés aux politiques de la Ville de New York. L’apogée fut atteint en 1975, alors que le métro était très peu surveillé. Au début des années 80, la municipalité s’est dotée d’infrastructures protégeant les wagons et a accru la surveillance policière. Les problèmes de drogue et de nouvelles lois restreignant la vente d’aérosols aux jeunes ont contribué au déclin de nombreux groupes.

Certains graffiteurs ont connu la célébrité dans le monde des arts visuels. On pense ici à Jean-Michel Basquiat et à Keith Haring, dont les toiles font désormais partie de notre patrimoine culturel. Quelques recommandations de sites incontournables, truffés d’images et de liens: www.artcrimes.com, www.at149st.com, et un excellent site canadien au www.visualorgasm.com.

TAGS ET GRAFFITIS

L’exposition tags et graffitis nous offre trois interprétations distinctes de cet art de la rue. VASKO (DNW) est un graffiteur ayant observé cette forme d’art lors d’un concours présenté à l’école. Passionné de bandes dessinées, il dupliquait dessins et logos ornant les skateboards et s’est découvert des affinités avec ce mode d’expression. Les murs autorisés, mis à la disposition par la Ville de Gatineau, lui ont donné l’occasion de parfaire son talent et de côtoyer d’autres graffiteurs. Ce jeune artiste souhaite démystifier son art et le faire connaître du public. Il présente une œuvre exécutée lors du concours de décoration urbaine organisé par la Commission jeunesse de la Ville de Gatineau, alors qu’une vingtaine de participants ont reçu l’autorisation de peindre les lames de camions de déneigement gracieusement prêtées avec la collaboration et l’enthousiasme de Marcel Roy, directeur du Service des opérations de terrain. L’objectif du concours vise à établir une complicité entre les employés et les jeunes dans une ambiance ludique mais empreinte de respect. VASKO (DNW) s’est démarqué avec ses caractères polychromes sur fond de ville grisâtre. À noter que les lames de Mathieu Désilet et Patrick Moss sont placées devant l’édifice. Les lames seront fixées à l’avant des camions cet hiver. À surveiller!

Monique Pilon suggère une ouvre sensible établissant un rapport esthétique entre les graffitis et les traces laissées entre l’arbre et l’écorce par les vers typographes.

Pat Thompson nous propose une vidéo reconstruisant les étapes de sa performance où il interprète tantôt le rôle de graffiteur et tantôt celui d’un employé de la Ville assigné au nettoyage des graffitis. Les murs de la galerie dissimulent toujours l’œuvre d’origine, mais celle-ci a été camouflée par des aplats de couleurs neutres.

Enfin, l’artiste Monique Pilon suggère une œuvre sensible établissant un rapport esthétique entre les graffitis et les traces laissées entre l’arbre et l’écorce par les vers typographes. Les empreintes ont été reproduites au mur, tels de mystérieux et délicats "tags naturels".

Art ou vandalisme? Les graffitis se fondent dans le paysage urbain et provoquent encore la controverse. Un phénomène à explorer et à découvrir!

Jusqu’au 28 août
Au Centre d’exposition Art-image
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