Le Salon (funéraire) de l’auto
Vous trouvez que la voiture intoxique nos vies? Courez voir l’expo Débraye: Voiture à controverse à la Fonderie Darling.
Citation fut très prisée à partir de 1977. De nature élégante et compacte, elle permettait néanmoins de transporter beaucoup à la fois. Non, je ne fais pas une réflexion sur la postmodernité et la mode parfois énervante qui, depuis plusieurs décennies, pousse les artistes à en citer d’autres. Le hasard veut que 1977 soit l’année de naissance d’une voiture appelée Citation. Lancée par Chevrolet, cette automobile économique se voulait une solution à la crise du pétrole. Vous pourrez en apprendre plus sur cette voiture en allant voir l’installation montée par Doug Scholes et Dominique Toutant (en collaboration avec Mark Lanctôt). Elle fait partie de l’expo Débraye: Voiture à controverse.
Voici un événement qui a les allures d’un Salon de l’auto, mais il s’agit davantage d’un salon funéraire que d’une fête de la voiture. Dès l’entrée, le ton est donné avec cette carcasse d’un 4 x 4 calciné. C’est le collectif ATSA (Action Terroriste Socialement Acceptable) qui est responsable de cet autodafé. Pour l’occasion, l’ATSA s’est rebaptisée Action pour un Transport Socialement Acceptable. Car cette voiture immolée ne se veut pas qu’un geste sans lendemain. L’ATSA veut agir et agira! Non, l’ATSA ne brûlera pas tous les 4 x 4 de la ville (j’ai quelques amis écolos qui rêvent d’une telle action), mais émettra 10 000 fausses contraventions citoyennes à ceux qui laissent tourner leur moteur alors qu’ils sont stationnés ou qui ont d’autres comportements aussi polluants.
Cette expo, montée par la commissaire Esther Bourdages, n’est certes pas une révolution. J’ai vu une multitude d’expositions avec des voitures brûlées, mises en pièces, exhibées après un accident et, bien sûr, compressées (pensons au travail de l’artiste César). Mais, néanmoins, voici une présentation tout à fait agréable, qui tente de lutter contre la pollution et le lobby du pétrole. Une dizaine d’artistes (et de collectifs) y participent: le duo Cooke-Sasseville, Red, Vincent Ganivet, Margaret Lawther, Philippe Meste, Art orienté objet, Cindy Dumais, Katie Bethune-Leamen…
Vous y verrez la piste de vélo design de l’artiste Roadsworth. Cette piste cyclable n’est pas minuscule et limitée au bas-côté de la route, mais passe à travers toute la Fonderie Darling et vous permet de regarder les œuvres à vélo (une première?). Roadsworth, dont vous avez déjà pu voir, ici et là, les interventions éphémères sur le bitume de notre ville, est un artiste travaillant sur l’urbanité qui mérite notre attention. Kelly Jazvac en a marre de voir les stationnements proliférer au détriment des espaces verts. Elle propose donc, d’une manière un peu kitsch, de remplacer les parkings par des mini-golfs. Laurent Hamon demande aux visiteurs de lui proposer des projets pour lutter contre les méfaits de la voiture et tentera de réaliser leurs suggestions. J’en profiterais pour y aller de ma demande (même si je ne crois pas que Laurent Hamon puisse l’exaucer): à quand une autre rue piétonne à Montréal?
Piétons et cyclistes de ce monde, unissez-vous!
Jusqu’au 22 septembre
À la Fonderie Darling
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