Fanzines : Simplicité volontaire
Fanzines, c’est le livre d’artiste envisagé comme un espace de liberté totale. L’art de ne pas trop se prendre au sérieux.
Dessins au stylo à bille, collages, sérigraphies, photocopies, livrets cousus, brochés, simplement reliés, les dizaines de petits livres qu’on peut gentiment consulter dans cette exposition collective à Engramme sont à voir pour plusieurs raisons. La première, parce qu’il s’agit des créations de cinq artistes très actifs et talentueux. La deuxième, parce que c’est rigolo, étonnant et léger. Et tertio, parce que ce projet collectif estival altère un peu l’image raisonnable et sérieuse que l’on accole souvent à tort à Engramme, dont l’engagement dans la production et la diffusion de la gravure en a fait un des hauts lieux de l’estampe au Québec. Transformée en un convivial salon de lecture, la galerie d’Engramme se fait des plus accueillantes et invite à s’y arrêter un moment pour consulter la chose. Ce sont des expérimentations sans trop de prétention, produites avec détachement et avec un certain amusement. On risque fort d’y dénicher quelques petits bijoux. Chacun y trouvera, à coup sûr, son dessin préféré. À la consultation de ces petits livres de teneurs diverses et aux intérêts variants resurgissent ces fantasmes juvéniles de créations libres, facilement accessibles et sans trop de conséquence.
"Ce sont des livres "garage", alors qu’habituellement, les livres d’artiste sont des objets précieux, avec un petit coffret…" tels que les qualifie fort pertinemment Sophie Privé (à qui le genre sied d’ailleurs très bien). À cette collection de fanzines, pour lesquels nul besoin de gants blancs, Sophie Privé et Chantal Séguin contribuent avec un ensemble de petits cahiers, poursuivant chacune leur œuvre respective, se rapprochant là du photo-roman, ici du journal intime. Le tout expérimenté avec une égale aisance. Participent également à ce collectif François Simard, un jeune peintre dont on n’a pas fini d’entendre parler, et Catherine Hébert, qui pratique l’estampe depuis quelques années. Cette dernière participe aussi aux Fanzines bidons qu’édite depuis un moment l’illustrateur Pierre Girard (Phier) et dont on peut voir quelques exemplaires, réalisés assez près de l’esprit le plus typique des fanzines, parsemés de messages à caractère politique, libertaire, "proches du tract", comme l’explique Catherine Hébert. La plupart des fanzines présentés à Engramme excluent le texte et se concentrent sur les images. Ce sont des "fanzines visuels", des livres d’artiste inconditionnellement low-tech, des livrets qui ne sont pas sans exclure, fort heureusement, une certaine finesse, voire de la subtilité. De petites éditions où pullulent les trouvailles.
Jusqu’au 28 août
À Engramme
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BLOC-NOTES
LES MURS RACONTENT DES HISTOIRES
Une exposition à la Bibliothèque Gabrielle-Roy fait un instructif panorama de l’histoire de la fresque dans l’art et dans la ville. Si la fresque remonte aux cavernes de Lascaux, en passant par les vastes peintures de la chapelle Sixtine et par les fresques urbaines des fameux peintres modernes mexicains, Diego Rivera en tête, son ultime aboutissement ne se trouve sûrement pas dans celles qui ornent les murs de notre ville. Et cela, malgré tout le respect que l’on doit à ses créateurs qui y ont travaillé fort – on le sait bien! – et avec beaucoup de conviction, on s’en doute. Soit: cela vaut mieux qu’une monotone surface de béton. Qu’on pense seulement aux fresques qui recouvrent les piliers de l’autoroute Dufferin et qui colorent le secteur. Cependant, il apparaît impossible de faire l’apologie de ces scènes en trompe-l’œil qui racontent l’histoire d’un lieu en rose bonbon et en vert pomme. À tout prendre, le graffiti et le tag sont bien plus vibrants! Jusqu’au 14 août à la Bibliothèque Gabrielle-Roy; sur les murs de la ville: encore pour longtemps.
TRAITS DE CARACTÈRES
Dominique Lemieux expose ses dessins, ceux-là mêmes qui ont servi d’esquisses à maints personnages du Cirque du Soleil depuis les tout premiers spectacles. Dans les pièces de la Maison Hamel-Bruneau défilent les esquisses de costumes de clowns et autres saltimbanques qui peuplent l’univers du cirque. Les dessins de Dominique Lemieux sont superbes. Elle a le geste alerte de ceux qui font de la pratique du dessin une activité quotidienne. Ces dessins, pour la plupart des esquisses préparatoires à la confection de costumes, sont tous autonomes et on les apprécie pour ce qu’ils sont. Des encres sur papier, souvent touchantes. L’exposition, débutée en mai dernier, se poursuit jusqu’au 28 août prochain.